Sous-titre : La première enquête résolue par Miss Maple, la brebis la plus intelligente du troupeau, voire du village, et peut-être même du monde…
Dans un pré d’Irlande, un troupeau de moutons découvre le corps du berger, George Glenn, transpercé d’un outil de jardinage. Pour les ovins, pas de doute, ce n’est pas un décès naturel. « Il n’est pas mort de maladie. Les bêches ne sont pas des virus ! » (p. 7) Les bêtes décident de mener l’enquête, mais les indices sont difficiles à relier : une empreinte de sabot, un bijou perdu, un testament, une nouvelle venue, des odeurs , des silhouettes, des clés. À force d’observation et de déduction, mais aussi en donnant de leur personne, les moutons élucident la mort de leur berger et révèlent toute la noirceur d’une petite communauté rurale. « Les hommes n’ont pas d’âme. Pas d’âme, pas d’esprit, rien. C’est aussi simple que cela. » (p. 18)
Comme dans Watership Down où tout est raconté du point de vue d’un lapin, ce roman se place à hauteur de museau ovin, sans anthropomorphisme, mais plutôt avec moutonmorphisme (oui, je sais, ce mot n’existe pas). « Le loup est à l’intérieur de chacun. […] / Comme un abîme ? […] Un abîme à l’intérieur ? » (p 266) Les moutons seraient-ils capables de spiritualité ? Si l’on parle de métaphysique, cela reste à prouver, mais d’un point de vue humoristique, c’est certain ! « Je suis bien content que ce seigneur-là ne soit pas mon berger ! » (p. 26)
Leonie Swann a magnifiquement développé le caractère de ses moutons : leurs réactions sont parfaitement crédibles et compréhensibles. En opposant un troupeau à un village, elle met en relief les défauts humains et souligne la délicatesse animale. « À quoi bon brouter en ce bas monde tant qu’il y aurait des bouchers ? » (p. 54) Cette enquête n’est donc pas simplement hilarante, elle est également sensible et en un sens poétique.