Cyclone

Bande dessinée de Clément Baloup (scénario) et Marion Mousse (dessin).

Quatrième de couverture – Margot, lycéenne à la vie jusqu’ici anodine, éclot comme une fleur à sa rentrée en terminale. Vibrante d’une sensualité soudain débordante, sur son île battue par les vents et l’ennui, elle se sent prisonnière. Il y a bien Ali, le nouveau récemment débarqué, beau brun ténébreux, musicien torturé, qui la dévore des yeux. Mais Margot rêve d’autre chose, de plus grand, de plus fort… Aussi, quand Maréchal, son prof de philo et écrivain raté, la persuade de devenir sa maîtresse, elle se laisse séduire… sous le regard jaloux d’Ali. Un triangle amoureux venimeux s’installe, sur la petite île qu’une tourmente météorologique semble bientôt devoir isoler…

Quand une quatrième de couverture est bien faite, il faut savoir le reconnaître. Celle-ci en dit beaucoup sans rien gâcher.

Il y a une bande-son parfaite dans cette bande dessinée, notamment l’absolue perfection qu’est « Moonage Daydream » de David Bowie. Sous l’égide de Lewis Carroll et traversé de la silhouette furtive d’un lapin blanc, le récit parle d’une jeune fille qui s’observe et se découvre, entre curiosité et incompréhension. « De plus en plus curieux… Voilà que je m’allonge comme la plus grande longue-vue qui ait jamais existé ! Adieu, mes pieds ! » (p. 24)

Le travail sur les regards croisés et sur les perspectives est très intéressant, donnant à voir l’évidence au sein de la banalité. La bande dessinée parle de désir, avec son lot de peurs et d’inquiétudes. Pour les adolescents qui traversent cette histoire, demain n’est qu’effroi. « Compromissions, vieillesse, maladie et mort. Voilà le menu de la vie adulte. » (p. 90) Et c’est sans doute ce qui explique leur folle vanité de s’exposer sur les réseaux sociaux pour obtenir immédiatement l’approbation de tous, en se moquant des ravages du paraître alors qu’ils traversent une période instable où leur identité est en construction. Entre Noce blanche et Noces pourpres, les rapprochements sont autant de renoncements sous-tendus d’ardents désirs de fuite. « Tu penses que je vais m’agripper à toi pour me rassurer ? » (p. 64)

Cyclone est une magnifique bande dessinée qui, en quelque 125 pages, traite avec finesse de beaucoup de sujets délicats. Une vraie réussite !

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