Roman historique de Jérôme Hallier.
Héritier de la noblesse nippone, le baron Takeichi Nishi a toujours eu des difficultés à prendre patience. Enfant illégitime, peu aimé et élevé dans une éducation stricte, ce jeune noble turbulent, impétueux et parfois violent canalise sa fougue auprès des chevaux. « À partir d’aujourd’hui, tu es un cavalier. Tu dois donc te comporter comme tel. Celui qui monte sur un cheval s’élève au-dessus des hommes. Il se distingue par sa haute stature. Sa conduite et sa tenue doivent être irréprochables. » (p. 53) Cavalier émérite de l’armée de l’Empire, il se consacre entièrement à la préparation des Jeux olympiques de 1932, selon un programme très personnel : entraînement harassant la journée, boisson et fête la nuit. Sur son cher cheval Uranus, il arrache une médaille d’or dont l’Empire s’empare pour sa propre gloire. Ami d’Harry Chamberlain et de Douglas Fairbanks, Takeichi Nishi reste cependant fidèle à son pays quand vient le moment de prendre les armes. C’est dans l’enfer brûlant d’Iwo Jima que finit la course du fier baron.
Avec ce vibrant portrait d’un homme toujours impatient, Jérôme Hallier fait plus que rendre hommage à un cavalier émérite : il fait revivre un peu du Japon des années 1930 et il dépeint les tristes heures vécues par la communauté japonaise en Amérique avant et pendant la guerre. Ce que nous rappelle la biographie un brin romancée de Takeichi Nishi, c’est qu’il y a des existences parfois trop étroites pour que la discipline ait prise sur elles. Et qu’il serait bien vain de vouloir s’opposer à certains destins. « Cher baron, je plains celui qui se retrouvera face à toi sur un champ de bataille. » (p. 86)
Lu dans le cadre du prix Sport Scriptum 2020.