Entretien de Boris Cyrulnik et François L’Yvonnet.
« Le jeu est apparu dès que les êtres vivants ont pu échapper aux contraintes de l’immédiat. » (p. 13) C’est une évidence : pour se livrer à l’effort supplémentaire librement consenti que demande le sport, il faut jouir d’une totale disponibilité de corps et d’esprit.
« C’est pour cela que j’aime le sport de petit niveau, parce que, lui, il socialise. Lui, il moralise. Cela n’empêche pas la compétition, mais, après la compétition, même si on a perdu, on ira au restaurant ensemble. » (p. 87 & 88) Psychanalyste et éthologue, Boris Cyrulnik professe son amour pour le sport pratiqué pour le bien-être et le plaisir, notamment celui de se retrouver en petit comité, loin des ors hurlants des compétitions mondiales. « On a quitté la dimension relationnelle pour entrer dans le monde de la réussite financière. Le prix humain n’a plus grande importance. » (p. 17) Il rappelle la valeur adaptative du jeu, son importance dans les mécanismes d’apprentissage sociaux et sexuels des animaux et, par extension, des hommes au travers du sport.
Boris Cyrulnik répond aux questions avec une parole claire et bien construite. C’est un plaisir de suivre ses raisonnements. Il semble surtout valoriser le sport/jeu collectif, celui qui rassemble dans l’affrontement. Le sport individuel isole, place le sportif seul face à soi-même, chaque compétiteur n’affrontant ses adversaires que dans le tableau des scores.
Étudiante, j’ai lu plusieurs ouvrages de cet auteur et j’avais déjà apprécié la clarté de ses propos. Le sujet ici discuté avec François L’Yvonnet est moins anodin qu’il y paraît. Il y a bien des choses à décoder dans la pratique sportive.
Lu dans le cadre du prix Sport Scriptum 2020.