Quatrième de couverture – Dans l’imaginaire européen, quelques animaux jouent un rôle plus important que les autres et forment une sorte de « bestiaire central ». Le loup en fait partie et en est même une des vedettes. Il occupe déjà cette place dans les mythologies antiques, à l’exemple de la louve romaine, qui a nourri Romulus et Rémus, du loup Fenrir, destructeur du panthéon nordique, et des nombreuses histoires de dévorations, de métamorphoses et de loups-garous. Ces derniers sont encore bien présents au Moyen Âge, même si la crainte du loup est alors en recul. Les bestiaires dressent du fauve un portrait négatif et le Roman de Renart en fait une bête ridicule, bernée par les autres animaux et sans cesse poursuivie par les chasseurs et les paysans. La peur du loup revient à l’époque moderne. Les documents d’archives, les chroniques, le folklore en portent témoignage : désormais les loups ne s’attaquent plus seulement au bétail, ils dévorent les femmes et les enfants. L’étrange affaire de la Bête du Gévaudan (1765-1767) constitue le paroxysme de cette peur qui dans les campagnes ne disparaît que lentement. Au XXe siècle, la littérature, les dessins animés, les livres pour enfants finissent par transformer le grand méchant loup en un animal qui ne fait plus peur et devient même attachant. Seuls la toponymie, les proverbes et quelques légendes conservent le souvenir du fauve vorace et cruel, si longtemps redouté.
J’ai découvert Michel Pastoureau avec son essai L’ours, histoire d’un roi déchu. L’ouvrage m’avait passionnée et d’autres textes de l’auteur m’ont également intéressée. C’est donc avec confiance que j’ai entamé cette lecture. Et j’en sors bien moins enthousiasme que j’aurais pensé l’être…
Ce livre a un point fort indéniable : la richesse de son iconographie. Tableaux, statues, gravures, bas-reliefs, artéfacts religieux, illustrations de contes, etc., j’en ai pris plein les yeux ! Certaines doubles pages sont des trésors et me rappellent d’autant plus à quel point je suis frustrée de ne pas pouvoir visiter de musées en ce moment.
Mais l’ouvrage a cependant un point faible évident : il ne théorise pratiquement rien. C’est une compilation érudite et plutôt exhaustive de sources et de connaissances, mais sans réflexion réellement poussée derrière. En outre, le propos souffre de nombreuses répétitions, parfois au mot près, entre le texte et les légendes d’image. L’ensemble n’est pas inintéressant et il est présenté clairement, mais je vois ce texte comme une première approche du sujet, un balayage assez large pour débroussailler une réflexion restant à mener.
C’est tout de même un peu dommage et le loup mérite un peu mieux. « Entre le IVe et le Xe siècle est née l’image du grand, du très grand méchant loup, vorace, rapace, effroyable et redoutable. » (p. 39)