Ici la mer n’est plus

Recueil de poésie de Jan Paremski et Bonaventure Rosa.

Les deux auteurs ont écouté les habitants de Lille-Sud, quartier séparé de la ville par le périphérique, pas banlieue ni ghetto, mais pas tout à fait dans Lille. « C’est une belle ironie / appeler grands ensembles / ces barres qui nous tiennent / si isolés et si petits. » (p. 29) Le béton a remplacé la brique, la pauvreté qui confine à l’indigence a changé de couleur. Et pour les Lillois du Sud, vivre d’expédients ou de trafics illégaux est hélas le lot quotidien. À la dureté de la vie s’ajoutent les violences policières et la misère sociale qui, parfois, trop souvent, tuent. La réécriture amère et ironique du Temps des cerises chante l’impuissance, la colère et la lassitude de ceux qui sont relégués dans des tours laides. « J’ai grandi dans une nature d’architecture ornée d’arbres d’acier aux lumières sales, une immensité en désespoirs de hauteur, un horizon troué par un beffroi lointain. » (p. 11) Mais ce court ouvrage parle aussi de dignité et de courage : courage de partir, courage de rester. Avec les mots, les auteurs tissent des liens et donnent à tout un quartier ostracisé une voix puissante et mélodieuse.

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