L’étoile des frontières

Roman d’Alfred de Montesquiou.

Olivier est photographe. Venu de France, il cherche à rejoindre la Syrie pour en apprendre plus sur sa famille biologique. « Plutôt crever que de poursuivre plus longtemps cette vie de chien perdu. Il comprit qu’il n’avait pas le choix, il fallait qu’il continue l’enquête. » (p. 15) Pour atteindre Homs, il suit Axel, reporter habitué de cette zone en guerre. Ensemble, au départ de Beyrouth, ils traversent la frontière par les montagnes. À leur périple se joint Farid, nouvellement converti par amour pour Nejma, infirmière qui veut se rendre sur le front au nom de la guerre sainte. Sous les bombes et les tirs d’obus, Olivier découvre le pays de sa naissance : en retrouvant ses racines et en se sentant lié à cette terre, il n’aspire plus qu’à s’y fondre. Plus rien ne le rattache à la France, et certainement pas le succès immense que lui offre l’un de ses clichés de la guerre.

Cette histoire de quête des origines est intéressante, mais bancale selon moi. La motivation première du personnage passe sans cesse au second plan, ce qui est compréhensible tant la guerre est omniprésente. « La guerre, je crois que ça rend accro. C’est une came de merde. Aucune autre drogue ne sera jamais aussi puissante que l’adrénaline qui d’un coup fait jaillir en nous des sensations incroyables, notamment celle de vouloir vivre… » (p. 235) Et surtout, il est difficile de comprendre ce qui pousse vraiment Olivier vers la Syrie : à demi-mot, il évoque une famille adoptive avec laquelle il n’est pas en accord, mais cela manque d’épaisseur.

D’après le titre, le véritable protagoniste n’est pas Olivier, mais Nejma, et là encore il me manque un passé pour saisir toute la force de ce personnage féminin pourtant fascinant. Son mariage avec Farid est une incongruité et son comportement, toujours en équilibre entre deux mondes, aurait mérité plus de développement. Peut-être l’auteur a-t-il choisi de laisser des trous dans la mosaïque pour que le lecteur les comble. « Le premier talent du photographe est encore de trancher. » (p. 7) J’ai fait de mon mieux, mais il me manque de la matière.

Lu dans le cadre du prix Place Ronde – Écrire la photographie, édition 2022.

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