Kristina, la reine-garçon

Bande dessinée de Flore Balthazar (dessins et couleurs) et Jean-Luc Cornette (scénario), d’après la pièce de Michel Marc Bouchard.

Kristina est couronnée roi de Suède. Pas reine : roi. Et cela lui convient très bien, elle qui refuse de se soumettre aux diktats imposés à son sexe. « Vous avez besoin de nous, majesté ? / Aidez-moi à ôter cette robe. C’est inhumain d’être déguisée de la sorte. » (p. 5) Kristina s’habille en homme, chasse et s’adonne à l’escrime, et plus que tout refuse les prétendants qui se présentent. Elle n’est pas pressée de se marier et d’enfanter : ce qu’elle veut, c’est éduquer son peuple et élever son pays par la pensée. Au cours de longues discussions avec René Descartes sur le siège de l’âme et des émotions, et avec l’ambassadeur de France sur la pertinence de faire de la Suède protestante un royaume catholique, Kristina ne se départit jamais de son indépendance d’esprit et de cœur. « Quelle reine inflexible que ce roi ! / Par le cul de Dieu, oui ! » (p. 16) La souveraine se sait laide, ce qui la rend imperméable aux flatteries des courtisans et aux déclarations enflammées de son cousin Karl Gustav. « Je me jetterai du plus haut des sommets plutôt que de t’épouser. Et si un de ces sommets atteint l’altitude de ta vanité, c’est celui-là que je choisirai. » (p. 75) Kristina n’est pas moins faite de chair et elle s’enflamme quand elle côtoie la très belle Ebba Sparre. Elle le sait, pour vivre libre, elle devra renoncer soit à son pays, soit à sa liberté. Mais celle que le pape Alexandre VII a qualifiée de reine-vierge est loin d’avoir fini de surprendre le monde.

J’avoue que je ne connaissais absolument pas le personnage historique qu’est Kristina de Suède. Cette bande dessinée ne comble pas cette lacune : elle en définit les contours et je veux maintenant lire une biographie complète de cette reine-garçon, femme brillante et habile politicienne dans une époque et un monde bien peu favorables à l’indépendance et à l’intelligence des individus non porteurs de testicules !

Ce livre rejoint évidemment mon étagère de lectures féministes !

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