À un passant

Roman de Juliette Vallery.

Elle et Lui se rencontrent à un arrêt de bus. La suite ? Une histoire d’amour dans laquelle les protagonistes se laissent prendre. « Les matins s’ouvraient sur des glissements de peau. Des odeurs âcres, pénétrantes. Des transferts de chaleur. » (p. 7) Il y a la joie des débuts et tout ce qui compose la poésie amoureuse d’une relation qui s’installe. Elle déploie une langue sensuelle et charnelle, Lui est plus factuel et détaché. « En amour, les sables mouvants sont les seuls terrains constructibles. » (p. 31) Hélas, le bel amour vite tiédit et s’appauvrit. L’un se détache, l’autre se désole. L’attente délicieuse devient torture et doute. Et les raccommodements sont d’autres déchirures dans la belle histoire.

Le titre est un hommage à Charles Baudelaire, mais surtout le développement de ses célèbres vers : que se serait-il passé si le narrateur poète avait arrêté cette troublante passante dans la rue ? Juliette Vallery tente une réponse, forcément douce-amère, lourde des désillusions et des désenchantements que le quotidien inflige à la passion. « Pourquoi l’avoir suivi ce matin-là ? Probablement parce qu’à son contact effleuré, je sentais mon corps se dessiner. Un éclairage inattendu. Il n’y a que cela que l’on puisse nommer une rencontre. Ce moment précis où la vie se déracine pour basculer vers l’étrange. » (p. 8) En quelque cinquante pages, l’autrice se livre avec brio à un exercice délicat : parler de l’amour sans répéter les mots des autres. De sa plume vivante et vibrante, elle donne à voir l’union des corps et la valse des cœurs. C’est superbe, étourdissant, et même le chagrin est beau.

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