Roman de Kathleen E. Woodiwiss.
Quatrième de couverture – Certes, Maxim Seymour est marquis, séduisant, valeureux. Il n’en est pas moins traître et assassin. Voilà l’avis d’Elise sur celui que l’on destinait à sa cousine. Quelle chance pour la douce Arabella d’avoir échappé à si déshonorante union ! Demain, dans le château du marquis exilé, elle épousera son rival : belle revanche… Ivre de jalousie, Maxim en décide autrement : il fait enlever Arabella ! Mais quand, de retour dans ses terres du Nord, il tend les bras à sa chère captive… C’est une redoutable sauvageonne qu’il découvre : Elise ! Elise… Un caractère farouche et une haine solide pour l’homme qui la séquestre. Maxim rêvait d’Arabellala-douce. Qui est donc cette furie qui l’écrase de son mépris ? Et voilà que l’hiver les condamne au huis clos…
Adolescente, je dévorais les romans de cette autrice. Au hasard d’une foire du livre, j’ai trouvé ce titre que je ne connaissais pas. Sans illusion aucune sur la qualité du texte, j’ai voulu tenter de retrouver les émois de mes lectures passées, et surtout lire ce genre d’histoire avec mon regard de féministe (et de femme qui ne croit plus trop trop en l’amour…). L’expérience a été aussi décevante, agaçante et hilarante (mais ça, c’est nerveux !) que je m’y attendais !
Dès le titre, une certitude, on va être gavé jusqu’à la nausée de l’objectification féminine, avec un jugement de valeur et un rapport de possession bien machos. Autre certitude, à aucun moment l’intrigue ne surprend : cette histoire ressemble à toutes les autres que j’ai lues de cette autrice. Le couple est d’abord contraint de cohabiter, pour diverses raisons, dans un premier temps avec acrimonie et mépris, puis le temps se charge de leur révéler leur valeur (beau cul, belle gueule, abdos bien taillés, nénés généreux, etc.) mutuelle et les deux zozos finissent par s’éprendre follement l’un de l’autre. Et accessoirement par se grimper dessus à la première occasion, incapables de résister à leurs attraits respectifs. « Elle ne voulait pas céder à leur passion brûlante. Ils avaient encore tant de choses à se dire. » (p. 246) À la fin, les vilains cupides sont dépossédés et châtiés (ou morts, selon leur degré de vilenie), les traîtres sont punis par là où ils ont péché et les gentils riches sont encore plus riches et rétablis dans tous les privilèges qu’ils auraient pu perdre. Ah, et aussi, Elise retrouve son père et sa fortune cachée, quête secondaire du livre qui passe TRÈS SOUVENT à l’as ! Du genre, « Ah ouais, merde, c’est vrai, elle a un paternel, la rouquine… Bon, on va dire qu’il est prisonnier dans la Hanse. Non, allez, plutôt dans un trou sordide londonien. » Et vas-y que ça balade tranquillement sur la Mer du Nord comme si c’était le canal du Midi !
Pourquoi j’aimais tant les livres de Kathleen E. Woodiwiss ? Parce qu’ils m’emportaient dans d’autres époques et d’autres lieux : Amérique esclavagiste, Écosse sauvage du Moyen-Âge, îles ensoleillées du commerce triangulaire, etc. Ici, l’intrigue nous promène entre Londres et les villes hanséatiques d’Allemagne du Nord. L’Angleterre est alors dirigée par Elisabeth Tudor, une reine contre laquelle les complots ne manquent pas et qui exécute toute personne soupçonnée de la plus vague trahison. Bon, l’autrice était historienne et ça se sent dans ses textes. Il y a des détails très précis, comme les toilettes des femmes et des hommes qui correspondent parfaitement à l’époque. On a aussi une belle description de la Ligue hanséatique et des tensions avec les ravageurs des mers. « Jadis, nous nous liguions pour protéger des pirates. Il semble maintenant que nous protégions un pirate en notre sein. » (p. 353) Sauf que les aspects historiques sont dispensés au compte-goutte, qu’ils sont très anecdotiques, pour ne pas dire ajoutés au forceps. L’histoire d’Elise et Maxim aurait pu se dérouler dans la Russie tsariste ou dans l’Empire inca, ça n’aurait rien changé. La romance historique est décidément un genre littéraire qui ne me parle plus.
Finissons sur une explication de texte avec un extrait qui m’a fait souffler d’agacement en première lecture. « Il ne pouvait s’empêcher d’admirer cette impertinente jeune femme qui n’hésitait pas à dire ce qu’elle pensait. Elle constituait un défi pour tout homme et une récompense qui valait l’effort de la gagner. » (p. 26) La meuf est impertinente parce qu’elle refuse de rester prisonnière d’un inconnu et qu’elle fait tout pour s’échapper. Et aussi parce qu’elle ne se tait pas quand sa Seigneurie exige le silence et la soumission. Ouais, impertinente, c’est le meilleur qualificatif à utiliser… Ensuite, elle est un défi : OK, donc on passe en mode Koh-Lanta, le dernier sur les poteaux a gagné, c’est ça ? Attendez, le meilleur est à venir : Elise est une récompense ! Si le mec manœuvre habilement et place bien ses (mor-)pions (pardon), il a droit à une image !!! Et l’image, pas sage du tout comme on vient de le voir plus tôt, c’est une pépé bien roulée avec du caractère. Parce que c’est pittoresque, ça, une femme qui sait ce qu’elle veut et qui le dit. Il n’a pas l’habitude, le grand marquis, et ça l’émoustille sous la braguette qu’on lui résiste. Bref, en deux phrases, c’est clair : y a rien qui va dans cette histoire ! Maxim tombe d’abord amoureux des nichons d’Elise (je vous jure que c’est vrai !!!), même après que celle-ci a foutu des chardons dans son plumard. Et la rousse sexy est toute chamboulée d’avoir vu le zizigouigoui du marquis après lui avoir balancé un seau d’eau froide à la tronche. Chacun·e ses parades amoureuses, je ne juge pas.
Comme dit Dewey dans la série Malcolm : je ne m’attendais à rien et je suis quand même déçue. En revanche, j’ai passé un excellent moment à écrire cette critique vacharde. Et je précise que je n’ai aucun mépris envers les lecteur·rices qui apprécient ce genre littéraire : chacun·e ses goûts !