Roman-poème d’Alexandre Pouchkine.
Le jeune Eugène Onéguine est la coqueluche de Pétersbourg : de soirées en bals, il charme l’assemblée et joue les galants auprès des femmes. Mais vite lassé de ce tourbillon de mondanités et saisi par l’ennui et la mélancolie, il se retire à la campagne après un bel héritage. « J’étais aigri ; il était triste. Tous deux avions connu l’orage des passions. Tous deux, la vie nous fatiguait, et tous deux nous étions réservés à éprouver la malignité de la fortune et des hommes, au matin même de notre vie. » (p. 13) Loin de la ville et dans une solitude choisie, Onéguine n’est pas plus heureux. Son seul ami est un jeune poète, Vladimir Lenski, très épris de la jeune Olga. L’aînée de celle-ci, Tatiana, s’enflamme pour le distant Eugène. « Je ne suis pas créé pour le bonheur. Mon âme et lui sont étrangers l’un à l’autre. Toutes vos perfections sont vaines ; j’en suis indigne. » (p. 42) Pour une vague blessure d’honneur, Eugène et Vladimir s’affrontent au pistolet, et la suite est évidemment tragique pour les survivants. « Tu périras, pauvre enfant ; mais auparavant, éblouie par un mirage d’espérance, tu te consumeras à appeler un bonheur ignoré. » (p. 32)
Les très courtes strophes de ce roman-poème font se précipiter les événements, mais les adresses au lecteur temporisent le drame. Le narrateur parle de lui-même, de son travail d’auteur et de son texte. C’est un ressort narratif très classique, mais qui m’ennuie toujours beaucoup. Et j’ai ressenti bien peu d’empathie pour Eugène et son taedium vitae. Je comprends que Pouchkine parle de dépression, mais je pardonne toujours assez difficilement aux personnes tourmentées d’être cruelles avec autrui.