Recueil de nouvelles de Tarjei Vesaas.
Dans ces textes aux allures de contes nordiques, la mort voisine avec la folie. Les drames sont imminents, qu’ils soient minuscules ou terribles. Chaque protagoniste se tient au seuil du changement, et ce dernier est rarement pour le mieux. Les malheurs sont tonitruants, mais les chagrins restent muets.
- La vie et la mort d’une fourmi illustrent cruellement ce que sont l’obstination et la prédestination.
- Un enfant malade se réjouit du grand voyage qu’il entreprend à la ville avec son père inquiet.
- Que signifie demain pour un bonhomme pain d’épices accroché à l’arbre décoré, le soir de Noël ?
- Une journée d’anniversaire fait passer du ravissement au désespoir une enfant coquette.
- L’inspection de la classe n’est pas difficile que pour la jeune maîtresse d’école.
- Une journée d’abattage en forêt est l’occasion de rendre grâce pour les bénédictions quotidiennes.
- Qu’est-ce qu’une vie de labeur face à l’insouciance des enfants ?
- Un meunier épuisé est tourmenté par une sinistre apparition dans son moulin.
- Un nouveau-né attend, certain que le monde est amical, inconscient du grand malheur qu’est son existence.
- Un voyageur de nuit est saisi d’angoisse à l’idée d’être seul dans son compartiment de train.
- Une enfant s’impatiente devant sa chatte qui tarde à accoucher.
- Un voyage en autocar devient le premier pas vers l’amour.
- Un homme idiot se voit confier l’abattage de grands arbres, seul sur une île.
Par moment, ces récits anodins flirtent avec le fantastique quand ils ne plongent pas allègrement dans l’horreur. Pas besoin de monstres terribles pour cela : c’est le quotidien, l’humanité même qui sont les menaces. « Il est là, celui qui n’a pas de nom, et qu’elle a abandonné dans un pays profané et taciturne. Jamais personne n’a été aussi seul, aussi abandonné. Il vient d’arriver dans ce monde et il est couché dans la lumière du jour. […] Nul n’est jamais sorti aussi nu du sein de sa mère. » (p. 141) Mais toujours, inexorable, la vie revient, surmonte, triomphe. Chaque fin porte en elle une vitalité nouvelle. Le dernier texte rappelle furieusement Les oiseaux puisque l’on retrouve Mattis, imbécile obstiné qui doute tant de lui et des autres. Une fois encore, Tarjei Vesaas m’émeut avec sa poésie de la nature et son regard porté sur les humains.