Texte de Sophie Danger.
Le 20 août 1922 se sont tenus les premiers Jeux olympiques féminins, organisés par Alice Milliat, bien décidée à prouver au baron Pierre de Coubertin que les femmes ont leur place, autant que les hommes, dans les stades, et pas uniquement dans les gradins. Bien qu’ayant appris à aimer le sport sur le tard, Alice Milliat est rapidement convaincue de ses bienfaits. Mais se heurtant aux refus des clubs de la laisser pratiquer l’aviron, elle fait son combat de l’ouverture de tous les sports aux femmes. « Ramer pour la gloire n’a jamais été son but, ce qu’elle veut, c’est ramer pour l’exemple, consciente que ses prouesses sportives peuvent servir la cause. » (p. 27) Présidente de la Fédération des sociétés féminines sportives de France, puis de la Fédération sportive féminine internationale, elle ne cesse de relancer le CIO pour demander que les Jeux olympiques intègrent des épreuves féminines. Face à la mainmise des hommes sur les instances sportives, Alice Milliat ne renonce pas : elle imposera les femmes et luttera toujours contre les préjugés misogynes, en particulier celui de la prétendue fragilité physique des femmes. Si celles-ci étaient bonnes pour les travaux des champs ou la chaîne pendant la guerre, elles sont bonnes pour le sport !
Bien que simple dans sa construction, résolument chronologique après le prologue, cette biographie est passionnante, bien plus riche que ne l’était la BD documentaire Alice Milliat, pionnière olympique de Didier Quella-Guyot. Chaque chapitre est précédé par un extrait d’article ou d’interview d’Alice Milliat : déterminée et combattive, elle n’avait pas la langue dans sa poche ! J’ai pris grand plaisir à suivre dans le détail la vie de cette femme engagée pour les femmes, au début du 21e siècle. C’était l’occasion de revoir brièvement Violette Morris et de découvrir les premiers palmarès féminins. Cette lecture m’a rappelé un chouette roman, Le Ladies Football Club.
Livre lu dans le cadre du prix Sport Scriptum 2024.
C’est une belle personne qui mérite d’être plus connue.
Sa ténacité face à Coubertin était admirable, en effet !