Alain Fonteray, ami de l’autrice et photographe de plateau, est hanté depuis 30 ans par une rencontre avec Richard Avedon, photographe américain connu pour ses portraits de stars. L’homme lui a emprunté son appareil pour le photographier avec son ami, et Alain lui a ensuite rendu la pareille. Et les deux photographes ne se sont jamais revus. Ce qui reste de ce regard croisé, ce sont deux photographies et un souvenir persistant. À la demande d’Alain, Célia tente de reconstituer cet instant singulier. « Au début je ne parviens pas bien à déterminer la raison pour laquelle je m’intéresse à une histoire qui n’est pas la mienne. Au point d’envisager de lui consacrer un livre. » (p. 21) Il semble y avoir un mystère et l’autrice part sur ses traces, incertaine de ce qu’elle pourrait trouver.
Le titre du livre est un hommage assumé au film d’Ettore Scola, œuvre sublime au rythme si étrange et si parfait. L’ouvrage de Célia Houdart est bien écrit et la lecture est fluide. L’autrice raconte ses recherches et sa découverte de l’œuvre de Richard Avedon, mais aussi certains souvenirs de sa propre enfance ou encore des épisodes de la vie d’Andy Warhol. « Ce livre est une reconstitution, une suite de zooms et de panoramiques, un montage. » (p. 9) Son texte est traversé par le motif lancinant de la lacération. Et, de fait, tout semble n’être que lambeaux dans ce texte : les très courts paragraphes constituent un ensemble décousu. Finalement, quid du projet initial ? Est-il réalisé ? Rien n’est moins sûr et je ne sais pas bien ce que j’ai lu. Le texte est court, mais il semble tout de même compter trop de mots pour ne rien dire. « Parfois Alain se tait. J’aime me taire avec lui. On n’a pas toujours besoin de parler pour se sentir en compagnie. » (p. 78)
Je passe très probablement à côté de l’œuvre et de son intérêt : certaines rencontres ne sont parfois pas destinées à marquer les esprits et, dans 30 ans, j’aurai très certainement oublié ce livre.
Lu dans le cadre du prix Place Ronde – Écrire la photographie, édition 2022.