Roman d’Olivia de Lamberterie.
Anna a 53 ans, un époux infidèle, trois filles dont une a une nouvelle à lui annoncer, trop de notifications sur son téléphone, un métier passionnant mais épuisant, des amies contre vents et marées, une mère sénile en maison de retraite, trop peu de temps pour elle, de bonnes manières, des relations compliquées avec les autres mères de l’école, un dîner à préparer. C’est trop, beaucoup trop. Au cours d’une journée, on suit Anna, Mrs Dalloway du 21e siècle, et l’on est emporté par son flot de conscience, entre souvenirs tendrement douloureux et culpabilité face aux menus et incessants échecs du quotidien. « Toute l’existence devenue vaine ou essentielle, ça dépend des jours. » (p.19)
Où est l’humour annoncé dans la quatrième de couverture ? Sans doute suis-je trop touchée par les concepts très concrets de dépression et de charge mentale pour m’amuser de la course affolée de cette quinquagénaire épuisée. « Anna voudrait déménager loin des chagrins du monde. » (p. 146) Dans ce roman, je n’ai trouvé qu’amertume, tristesse et désespoir. Tout est terrible et lourd : la vieillesse, la solitude, le temps qui passe. Anne n’a aucun répit, et l’épuisement se fait noyade. Pour sauver les apparences, la vie d’Anna, c’est marche ou crève. « Courir, c’est la profession des femmes, quel que soit leur métier. Mais elles sont trop exténuées pour se rebeller contre l’ordinaire de leur existence. » (p. 34) Et quand le ras-le-bol est total, quand la coupe est pleine, la rage tente de déborder, mais même cet élan vital, ce sursaut pour la survie font flop. « À force de les minimiser, ses douleurs se sont fossilisées en une colère compacte qui, si elle se libérait, se transformerait en un hurlement, mais qu’elle retient de toutes ses forces de fille élevée à faire bonne figure. » (p. 8)
Je suis peut-être trop éloignée du milieu germanopratin que décrit ce roman, mais, tout de même, le name-dropping est une facilité d’écriture tout à fait agaçante pour planter un décor ou référencer un récit. Le texte se lit vite, la plume est fluide, mais comme avec le texte de Virginia Woolf, j’en ressors ennuyée, peu touchée et assez agacée.