Les oiseaux se cachent pour mourir

Roman de Colleen McCullough.

Tome 1

Meggie Cleary est l’unique fille d’une nombreuse fratrie. Ses parents, Padraic et Fiona, mènent une vie laborieuse et économe en Nouvelle-Zélande. La famille est unie, mais les démonstrations ne sont pas fréquentes et Meggie grandit avec un besoin de tendresse inassouvi. Alors qu’elle a 10 ans, toute sa famille embarque pour l’Australie où Padraic a obtenu le poste de régisseur de l’immense domaine de Drogheda, propriété de sa sœur, Marie Carson, veuve aux desseins impénétrables. Sur ces terres inconnues, Meggie se prend immédiatement d’affection pour le père Ralph de Bricassard, jeune ecclésiastique ambitieux d’une grande beauté. « Étrange, le nombre de prêtres beaux comme des adonis, doués du magnétisme sexuel d’un Don Juan. Embrassaient-ils le célibat en tant que refuge, pour échapper aux conséquences ? » (p. 83) Le lien qui se développe entre le prêtre et l’enfant est fait d’attirance et de fascination. Malgré leur différence d’âge, Meggie et Ralph sont des âmes sœurs. Mais Marie Carson voit d’un mauvais œil ce rapprochement pour celui qu’elle considère comme son protégé et son testament met le prêtre face à un dilemme : obtenir enfin son passeport pour les hautes sphères du pouvoir catholique ou sacrifier ses ambitions au profit de Meggie. « Meggie, je t’aime. Je t’aimerai toujours. Mais je suis prêtre, je ne peux pas… je ne peux tout simplement pas ! » (p. 311)

Ralph fera son choix et Meggie, ne pouvant obtenir l’homme qu’elle aime, se résoudra à vivre la vie de femme dont elle rêve, avec un foyer et des enfants. « Pas de révolte chez Meggie, au contraire. Toute sa vie, elle obéirait, évoluerait à l’intérieur de son destin de femelle. » (p. 131) Pour assouvir son désir de maternité, Meggie épouse Luke O’Neill, un ouvrier du domaine qui ressemble beaucoup à Ralph. Hélas, le mariage est loin de combler la jeune épousée. « Elle n’avait pas d’identité propre pour lui ; elle n’était qu’un instrument. » (p. 385) Les aspirations romanesques et domestiques de Meggie volent en éclats, loin de Drogheda.

Tome 2

« C’est pour l’Église que je l’ai abandonnée, que je l’abandonnerai toujours. Je suis allé si loin au-delà d’elle qu’aucun retour n’est possible. » (p. 12) Entre Ralph et Meggie, la rupture et l’éloignement sont consommés. Ralph devient évêque, puis cardinal et il est un élément essentiel de la diplomatie vaticane pendant la Seconde Guerre mondiale. En Australie, dans le Queensland du Nord, Meggie attend le retour de son époux qui ne pense qu’à couper la canne à sucre et ne fait montre d’aucun désir de s’installer avec son épouse dans une maison bien à eux. Épuisée par une grossesse difficile, Meggie part se reposer pendant deux mois sur l’île de Matlock. C’est sur ce morceau de terre isolé que Meggie et Ralph font enfin céder à la tentation qui les tenaille depuis des années. Après cette unique étreinte, Meggie quitte son époux et revient à Drogheda pour aider sa mère et ses frères à gérer le domaine. Ce sont désormais ses enfants, Justine et Dane, dont on suit le destin. Malheureusement pour Meggie, ce qu’elle a détourné de Dieu lui sera repris au centuple.

Pour Ralph, la faute est longue à admettre et lui-même met longtemps à se pardonner. « Je sais que vous êtes prêtre, très imbu de votre état de prêtre, très conscient de votre soif d’absolu. Il est possible que vous ayez eu besoin de la leçon en question pour rabaisser votre orgueil, vous faire comprendre que vous êtes avant tout un homme et, en conséquence, pas aussi pétri d’absolu que vous le pensiez. » (p. 107) S’il incarne un modèle de prêtre pour son entourage, l’homme reste torturé par son amour pour Meggie. Prêtre et homme dans un seul corps et dans un seul esprit, sa dernière épreuve sera une révélation fracassante.  « Je crois que Ralph de Bricassart était l’un des hommes les plus tourmentés qu’il m’ait jamais été donné de connaître. Dans la mort, il trouvera la paix qu’il a vainement cherchée sur terre. » (p. 369)

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Vous aimez les amours impossibles et les histoires qui se déploient sur plusieurs décennies ? Vous êtes en vacances et vous cherchez une lecture facile et passionnante ? Vous êtes une fille au cœur de midinette et vous chouinez facilement ? Les oiseaux se cachent pour mourir est fait pour vous ! Ne vous laissez pas avoir par mon apparent sarcasme : j’ai passé un excellent moment avec ce roman que j’ai dévoré en quatre jours (même si je ne suis pas en vacances…) et qui m’a rappelé qu’il fait chaud ailleurs qu’à Paris ! Quel plaisir de suivre Ralph et Meggie des années 1920 aux années 1960, de l’Australie à l’Europe et pendant tous les évènements de ce siècle. L’auteure développe une certaine critique de la religion catholique et du célibat des prêtres, mais elle laisse libre cours à ses fantasmes amoureux. Sans être renversante, la plume est efficace et l’intrigue se déploie avec aisance. Seul bémol : le nombre ahurissant de coquilles dans mon édition. Certes, il s’agit d’une édition de poche, mais voir le nom d’un des héros écrit de trois façons différentes, c’est agaçant !

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