Le manoir des murmures

Bande dessinée de David Munoz (scénario), Tirso (dessin) et Javi Montes (couleurs).

Sarah

République tchèque, 1949. Sarah se réveille dans un lieu inconnu, une sorte d’hôpital. Elle apprend que ses parents et sa sœur ont été tués par un virus créé par les nazis. Mais Sarah a de vagues souvenirs de l’attaque : quand elle est rentrée chez elle ce soir-là, il y avait un monstre dans sa maison, elle en est certaine. Désormais, elle a peur d’avoir été infectée par l’immonde créature qu’elle a aperçue avant de perdre connaissance. Dans le centre, elle fait la connaissance d’autres enfants qui ont également été séparés de leurs parents de façon très brutale. Les petits pensionnaires se rassemblent et tentent de lever le mystère. Qu’y a-t-il au sous-sol ? Quels sont ces bruits que l’on entend la nuit dans les couloirs ? « Lorsque tu colles ton oreilles contre le mur, tu entends des voix. »

Le premier volume de cette trilogie met en place une atmosphère lourde de secrets et de mystères. Tant de questions restent sans réponse que le deuxième tome est indispensable.

Demian

Désormais, cela ne fait plus aucun doute : tous les enfants présents au manoir ont été infectés par un monstre et il n’y a que le traitement que leur administrent les médecins qui les empêche de se transformer. Certains redoutent plus que tout leur part obscure alors que d’autres brûlent de découvrir leurs potentialités cachées. « Les monstres sont une plaie. Et notre devoir est de les exterminer. » (p. 53) Dans l’ombre, les monstres et les vampires se sont alliés pour lutter contre les scientifiques qui tentent de trouver un remède à la transformation. « Notre alliance est très fragile. Elle ne tient que par notre ennemi commun. Quand les druides seront morts, je suis sûr qu’ils voudront tous me trahir. » (p. 6) À la tête de ces créatures infernales se tient Demian, le père de tous les vampires, figure spectrale douée d’une force extraordinaire.

Le mythe du vampire est un peu revisité, mais sans grande originalité. Quant à savoir qui est le monstre, de la créature différente ou de l’humain qui veut la détruire, cette question a déjà été posée et beaucoup mieux dans d’autres œuvres, notamment Je suis une légende de Richard Matheson. Mais cette bande dessinée reste plaisante et il me tarde d’en connaître la conclusion.

Simon

Avec Dagma, Simon est à la tête de l’équipe des scientifiques. Il pense avoir trouvé le remède absolu pour guérir toute personne mordue par un vampire, voire pour retransformer un vampire en homme. Hélas, sa découverte s’est faite au prix d’éprouvantes expériences sur des victimes contaminées. « Je devrais te tuer… traître que tu es, et pour tout ce que tu as fait à ces pauvres gosses… / Je te rappelle que toi aussi, tu travaillais ici. Et si je me souviens bien, si on t’avait laissé décider, les ‘pauvres gosses’ seraient déjà morts. » (p. 53) Demian a réussi à investir le manoir grâce à un informateur : la guerre entre les monstres et les druides ne peut plus être différée. Et il semble que l’issue finale repose sur Sarah, l’enfant perdue aux pouvoirs extraordinaires.

L’affrontement final n’est pas celui que l’on pensait et c’est là la vraie richesse de ce tome. La conclusion du troisième volume laisse supposer une suite : il faut espérer qu’elle existera, sinon la fin de cette série me semblera bâclée.

*****

Le manoir des murmures propose un univers très noir, tant sur la forme que sur le fond. Le mythe du vampire est toujours propice à l’élaboration de scénarios macabres et violents. Et l’image elle-même, très dynamique, reste sombre, en dégradés de bruns et de gris. Les touches de couleurs sont sanglantes ou lunaires. Par de nombreux aspects, qu’il s’agisse des enfants ou des monstres, cette bande dessinée m’a rappelé le film de Guillermo del Toro, Le labyrinthe de Pan. Cette œuvre est intéressante, mais les volumes 2 et 3 ne sont pas à la hauteur des promesses du premier. Dommage…

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