Roman de Jean-Michel Guenassia.
« Je suis lesbien, une espèce d’homme incertaine, non dénommée, pas commentée, pas évoquée. Et pas recommandable. » (p. 5) Ainsi se présente Paul, presque majeur, déscolarisé, fou de piano et cultivant son androgynie. « Je glisse à volonté d’un sexe à l’autre : un geste, un sourire, une manière de vous regarder. » (p. 5) Élevé par ses deux mamans, sans aucun père à l’horizon, le jeune homme cherche un peu qui il est et qui il pourrait être. « Je n’éprouve pas le besoin de me faire remarquer. Je me singularise à ma façon, en restant comme je suis. » (p. 23) Paul aime les femmes et il tombe vite, fort et souvent amoureux. Hilda, Caroline ou encore Mélanie, il pourrait les suivre au bout du monde. Mais pas Alex, pas l’ami de toujours, amoureux de lui depuis le collège.
J’ai lu ce roman pour son titre. David Bowie a eu une influence sur ma destinée : en milieu de vingtaine, c’est en partie à cause de lui que j’ai quitté ma province du sud pour m’installer à Paris, mais c’est une autre histoire. J’ai piaffé pendant toute la lecture, attendant de comprendre le sens de ce titre, hélas plus aguicheur qu’autre chose. La révélation, que l’on croit d’abord impossible, se fait finalement très décevante : mon ascenseur émotionnel résiste mal à la banalité des situations. Autre problème de ce texte, il change de sujet à folle allure, et ce qui était central devient inutile, voire oublié. L’androgynie de Paul, cruciale dans les premières pages, vire un peu à la mauvaise blague. Suit la relation avec Léna, cette maman si peu maternelle, bien que férocement présente. « Je n’ai pas de problème avec ma mère. Le problème, c’est ma mère. » (p. 19) Mais là encore, elle s’efface du paysage au profit de Stella, la deuxième mère, puis du père enfin retrouvé. « C’est assez con de ressembler à Bowie finalement, il vaut mieux ne ressembler à personne. J’ai vécu dix-huit ans sans me préoccuper de son existence, il faut que je continue. » (p. 167) Et à nouveau, le récit prend une voie. Je n’ai rien contre l’incertitude et les errances, mais je m’ennuie vite à suivre les circonvolutions d’une intrigue qui ressemblent au vol désordonné d’une mouche sur une vitre close.
Le texte coule en douceur et se lit agréablement, mais pour aller où ? Je ne sais pas vraiment. Je n’ai pas passé un mauvais moment de lecture, mais je doute fortement qu’il m’en reste quelque chose.