Il s’agit en réalité de trois histoires ayant pour protagoniste Xavier Kilgarvan, de la branche cadette et reniée de la puissante famille Kilgarvan. « Le nom de la famille, si respectée autrefois, trempait dans le scandale. » (p. 75) Le beau jeune homme mène l’enquête sur les crimes sordides qui glacent le sang des habitants de Winterthurn. « Comme vous devez le savoir – notre enfance à Winterthurn nous l’a appris –, il y a toujours un mystère. Surtout quand il s’agit de meurtre. » (p. 372)
- Un jeune nourrisson est dévoré dans une chambre fermée à clé et sa mère est retrouvée à moitié folle à côté du berceau.
- Plusieurs jeunes filles sont trouvées mortes dans un lieu à la réputation sulfureuse.
- Un pasteur, sa mère et sa maîtresse sont massacrés à la hache.
Avec le dernier volet de sa trilogie gothique, commencé par Bellefleur, Joyce Carol Oates ne retient plus rien et s’en donne à cœur joie dans le genre. « De temps en temps, et seulement la nuit, on voyait dans la région des fantômes s’élevant de l’étang et des hautes herbes sur ses rives, pour errer dans les bois ou se diriger vers les maisons de la colline. […] Des visages apparaissaient aux fenêtres des chambres ; on entendait des pas mystérieux dans les escaliers, des chuchotements, des murmures. Ah !… Des jeunes filles prétendaient que des mains invisibles les caressaient – expérience qui éveillait une terreur incommensurable. » (p. 345 & 346) On parle de spectres, de caves sombres, de femmes folles, de découvertes macabres dans les greniers et de secrets affreux dans les tiroirs. Bref, du vrai, du bon, du grand roman gothique. Impossible de ne pas penser aux romans de Wilkie Collins et à ses intrigues terrifiantes. Bref, voilà une vraie lecture doudou, du pur plaisir régressif, magistralement écrit comme toujours avec cette autrice !