Linea Nigra

Roman de Sophie Adriansen. À paraître le 14 septembre.

Nous retrouvons Stéphanie qui, dans Le syndrome de la vitre étoilée, désespérait de tomber enceinte et voyait son couple parfait avec Guillaume voler en éclats. Ici, elle est en couple depuis très peu de temps avec Luc. Miraculeux Luc. Rencontré quand il le fallait. Il est l’homme de la situation. Leur amour était inattendu : il est beau, il est légendaire. Mais très vite, la question de l’enfant refait surface. « Je le soupçonne de vouloir me féconder pour verrouiller notre amour. » (p. 11) Quelle place peut prendre la grossesse dans une histoire qui commence ? Et surtout, comment devient-on mère, même quand on le souhaite de tout son corps ? Être enceinte et être mère, ce n’est visiblement pas tout à fait la même chose. « J’ai un secret dans le ventre. Et un sacré creux dans l’estomac. » (p. 70) Au fil des mois et après l’accouchement, Stéphanie révise constamment son identité de femme tout en interrogeant ses rapports avec sa mère et en cherchant à préserver sa relation avec Luc.

Linea Nigra prend la même forme que Le syndrome de la vitre étoilée, avec des chapitres très courts où alternent les voix, incarnées ou non. Il y a les conseils des proches et des professionnels et les sorcières qui prodiguent de mauvaises paroles. On trouve des listes sur beaucoup de sujets, mais aussi des extraits de livres, de lois et de magazines. À mon goût, les informations et généralités sur les femmes, la grossesse et l’accouchement sont un peu en trop, ou disons un peu trop nombreuses. On comprend vite (et, si on est une femme, on sait), que la maternité et la grossesse ne sont pas libres. Pas besoin de le répéter sous tant de formes. « En intervenant dans le processus naturel, en déshumanisant l’accouchement, en légalisant la violence obstétricale, les pouvoirs publics privent les femmes de leur liberté et prennent le contrôle de leur corps. Alors qu’accoucher est un verbe intransitif. Un verbe intransitif. » (p. 146) Cela dit, le roman de Sophie Adriansen rappelle une vérité essentielle. À chaque femme son corps : non aux diktats de la maternité à tout prix, non à l’accouchement sur le dos, non aux césariennes, non à l’épisiotomie systématique. « Le vrai progrès ne serait-il pas que chacune ait le choix ? » (p. 95)

Dans ce roman, Sophie Adriansen explore à nouveau l’univers sensible de la maternité, de son désir et de son refus, mais aussi des doutes qui l’entourent. Une fois encore, le sujet me touche au cœur et au ventre.

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