Roman de John Steinbeck.
À La Paz, Kino est pêcheur de perles. Tous les jours, il plonge pour remonter les huîtres qui contiennent son gagne-pain. Pauvre, il l’est depuis toujours. Aux côtés de sa compagne Juana et de leur fils Coyotito, il mène une vie laborieuse dont il se satisfait simplement. Tout est bouleversé le jour où il remonte du fond de l’océan une perle fabuleusement grosse. Le désir de possession s’empare de lui, le soupçon le submerge. Kino sait qu’il ne pourra pas garder la perle sans faire face à la cupidité et à la convoitise.
Terrifiant récit de la marche éternelle de l’humanité et de ses défauts incoercibles! Kino incarne des siècles de pauvreté héréditaire et résignée. Sa révolte le conduit à sa perte. Mais que peut-on face à la folie: « Cette perle est devenue mon âme, à présent, répondit Kino. Si je l’abandonne, je perds mon âme. » (p. 93) Kino vit selon des chants immémoriaux qui rythment ses actions au quotidien: le Chant de la Famille, le Chant de la Perle, le Chant du Mal. Autant de mélodies dont on n’entend pas la moindre note, mais qui résonnent pourtant de plus en plus fort à mesure que le drame se noue.
Par sa concision et sa rudesse, je considère ce texte davantage comme une nouvelle que comme un roman. Les personnages sont simples et puissants dans leur simplicité. Les sentiments qui les traversent sont brillamment exprimés. Le texte se lit avec une avidité comparable à celle qu’éprouvent les jaloux de la chance de Kino. Le récit est une perle : le langage enveloppe une situation tragique et la rend sublime.