Roman et illustrations d’Antoine de Saint-Exupéry, aviateur et auteur.
Après une avarie, un aviateur se croit perdu en plein Sahara. Sa surprise est grande quand un petit garçon à l’écharpe dorée l’interpelle et lui demande : « S’il vous plaît, … dessine-moi un mouton. » (p. 11) Ce Petit Prince vient de l’astéroïde B612 et il a exploré l’univers en s’arrêtant sur différentes planètes. Après sa visite sur la planète du roi, du vaniteux, de l’ivrogne, du businessman, de l’allumeur de réverbères et du géographe, il est arrivé sur Terre. Il y apprivoise le renard et découvre les douleurs de l’attachement : « Si tu m’apprivoises nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde. » (p. 68) Nostalgique des couchers de soleil qu’il admirait sur sa petite planète et nostalgique de son amie, une rose vaniteuse mais pleine de tendresse, le Petit Prince doit quitter l’aviateur. Et ce dernier explique les raison de cet émouvant récit : « Si j’essaie ici de le décrire, c’est afin de ne pas l’oublier. C’est triste d’oublier un ami. » (p. 20)
Qu’il est difficile de dire quelque chose de sensé sur ce chef-d’œuvre. Dédié à un adulte, l’auteur ne cache pas en introduction que son texte est une histoire pour les enfants. Il n’y a qu’avec nos yeux d’enfant que l’on peut aborder cette lecture. Le Petit Prince ne cesse d’être étonné par les comportements adultes, si loin de l’essentiel, de la vérité et de la simplicité.. Inutile et impossible de rationaliser ce texte. Saint-Exupéry le dit lui-même, « [il] n’aime guère prendre le ton d’un moraliste ». (p. 24) Le récit n’apprend rien, il raconte une série d’émotions.
Les aquarelles de l’auteur, généreusement disséminées au fil des pages, sont indissociables des mots. Le narrateur déplore de n’avoir pas su convertir son envie de dessiner en talent. Le Petit Prince lui rend justice en reconnaissant l’éléphant dans le boa. Le pouvoir de la plume est double: elle retrace une rencontre, en mots et en lignes. Et la plume crée selon les désirs de chacun: « On ne voit bien qu’avec le cœur. L’essentiel est invisible pour les yeux. » (p. 72) Le mouton dans la boîte est exactement ce que l’enfant voulait sans que l’aviateur en ait dessiné une ligne. Le Petit Prince, ce n’est après tout qu’un mirage, mais c’est aussi l’Étoile du berger qui guide le navigateur égaré.