Roman d’Anita Diamant.
1500 avant notre ère. Dina fait le récit de sa vie, auprès de ses « quatre mères », Léa, Rachel, Zilpa et Bilha, de ses douze frères et de son père Jacob, sur la terre de Canaan. Elle a grandi sous la tente rouge, espace clos exclusivement féminin, où les femmes accouchent et se dérobent aux yeux des hommes pendant leurs cycles. Unique fille de son père, enfant chérie des femmes de la tribu, elle devient sage-femme. Violée par le fils du gouverneur de la ville voisine, elle s’éprend de lui. Les amants décident de se marier. Mais les frères de Dina crient au déshonneur, et la circoncision de tous les hommes de la ville ne leur suffit pas pour sceller une alliance. En une nuit, tout bascule. Dina et sa famille fuient Canaan pour l’Égypte, rejoindre Joseph, un des fils perdus. Les talents de Dina dans l’art de la maïeutique la précèdent. Son passé toujours sur ses talons, elle ne se laisse jamais terrasser.
Portrait de femme et hommage à la féminité, ce roman est charnel, brûlant. Dans la pénombre moite de la tente rouge, les secrets de la féminité se transmettent de mère en fille. Dina incarne tous les âges de la femme : fille, sœur, femme, épouse et mère.
Traversé de personnages bibliques, le texte se présente comme un récit de temps immémoriaux, une version plus féminine de la Bible. L’auteure excelle dans l’évocation de paysages désertiques brûlants et de villes orientales magnifiques. Des dunes stériles de Canaan aux bords fertiles du Nil, la nature est partie prenante du récit, entité hautement féminine et féconde, dont les cycles ne sont pas sans rappeler ceux que Dina traverse.
Je lis et je relis ce roman avec un plaisir sans cesse renouvelé. Les péripéties entraînent dans une lecture avide et impatiente. Les personnages sont finement dépeints, toujours d’un point de vue féminin. Bref, la femme est à l’honneur, avec pudeur et puissance, sous ses plus beaux aspects.