Roman de Toni Jordan.
« Tout compte. » (p. 7) Grace Lisa Vanderburg (19 lettres) compte tout : ses pas dans la rue, les haricots chez le primeur, les grains de pavot sur son gâteau, les poils de sa brosse à dent, etc. « Avec le temps, le fait de compter est devenu l’armature de ma vie. » (p. 8) Admiratrice et vaguement amoureuse de Nikola Tesla, génial inventeur du XIX° siècle, elle vit enfermée dans ses manies et son obsession des nombres. Le beau Seamus Joseph O’Reilly (19 lettres aussi) va mettre un peu de pagaille dans le quotidien de la jeune femme. Avec son aide, elle entreprend une thérapie pour se libérer de ses obsession. Mais jusqu’où peut-on aller pour être « normal » sans devenir un autre, totalement différent et sans saveur ?
Jusqu’à quel âge peut-on tomber amoureuse d’un personnage de roman ? Et jusqu’à quel âge peut-on encore décemment l’avouer ? Seamus est mon homme idéal… Bref, ce n’est pas le sujet.
La rationalisation du quotidien par le nombre qu’effectue Grace est vaguement inquiétante, mais j’avoue que je me suis reconnue dans ce personnage. Je ne compte pas tout, mais j’aime que tout soit net et je regarde tout le temps ma montre, comme Grace, obsédée par le temps qu’il me faut pour effectuer mes tâches quotidiennes.
Ce roman est une petite initiation à la normalité. Chacun est normal à sa façon. Il n’y a pas de canon auquel se conformer. Que l’on ait des obsessions ne fait pas de nous des êtres bizarres. « Une obsession n’est pas une faiblesse. Une obsession est ce qui anime les gens, ce qui les rend différents des masses grises. » (p. 148)
Le roman de Toni Jordan se lit vite, se dévore. C’est un texte parfait pour se détendre, sourire et réfléchir un peu sur qui fait nos personnalités et nos existences, sur ce que nous sommes prêts à rendre pour être accepté.