Texte d’Aristophane Aisselle, illustré par Pénélope Bagieu.
D’aucuns auront noté que j’ai très récemment lu Indignez-vous de Stéphane Hessel. Les parodies et pastiches de ce titre fleurissent à qui mieux mieux. Pour suivre l’appel de Stéphane Hessel, je m’indigne contre les poils. Voilà. On fait ce qu’on peut. Chacun sa cause. Il faut de tout pour faire un monde.
Aristophane Aisselle se mobilise contre les poils surnuméraires. Il faut « demeurer aussi présentable que possible alors qu’approche le temps des vacances, ne serait-ce que pour montrer aux Nations que la France reste fidèle aux idéaux issus de la mode, si ce n’est de la morale. Épilez-vous ! Car la table rase commence au pied de chez soi. » (p. 10) Il milite aussi pour un teint joliment hâlé, mais gare au coup de soleil ! Il faut savoir raison garder et à portée de main un flacon d’ambre solaire. « Le message d’un Mandela, dont la vie fut essentiellement constituée de séjours prolongés à l’ombre, devrait être un exemple pour tous ceux qui répugnent à dépenser un centime au rayon parapharmacie. » (p. 18) Il en appelle également aux valeurs citoyennes des plagistes et les enjoint à étaler la précieuse crème protectrice sur les épaules de leur voisin.
Aristophane Aisselle proclame que « le luxe, la beauté et le bonheur pour tous doivent […] être durables et renouvelables. » (p. 25) Mais pas au détriment de la nature ! Pas question de toucher aux animaux ! Comment ignorer que « le rouge à lèvre, le vernis à ongles et le fond de teint vont très mal aux lapins. […] Comment voulez-vous qu’on se rende compte si un produit de beauté peut convenir à un humain en le testant sur un lapin, alors même qu’il rend le lapin ridicule ? » (p. 26) Pour Aisselle, la conscience sociale n’a pas de limite. Rien de ce qui est vivant ne lui est inconnu.
Dans ce manuel d’indignation, l’auteur dispense conseils beauté et réflexes santé. À l’approche de l’été, il faut être la plus belle pour aller bronzer. Mais le texte est également très politiquement incorrect et l’auteur nous rappelle doctement que « la misère n’est pas moins pénible au soleil » (p. 20) Entre un coup de griffe aux politiques et une pique narquoise aux chanteurs, Aristophane Aisselle use d’un ton enlevé, faussement pontifiant et génialement drôle pour nous servir une parodie aux petits oignons. Et comme lui, on a envie de dire : « Passe-moi le Hessel. » (p. 23)
J’ai des lectures tout à fait passionnantes, n’est-ce pas ? J’ai retrouvé avec plaisir la plume de Pénélope Bagieu qui sait décidément en dire beaucoup avec deux coups de crayon !