Bande dessinée. Scénario et dessins d’Étienne Willem. Couleurs de Nicolas Imhof.
Alors que Garen, jeune lapin intrépide, s’exerce aux armes avec le chevalier d’Ardenois, le village de Chassenois est ravagé par le chevalier Hellequin de Bois-Maudits, un odieux bouc à la corne cassée. Ardenois s’élance à la rescousse des villageois, mais périt sous les coups perfides d’Hellequin qui s’empare de son épée et dévoile de terribles projets. « C’est justement l’enfer que je viens apporter aux trois royaumes. » (p. 8) Garen, dissimulé dans le bois, a assisté avec horreur à la mort de son ami. Poussé par un étrange hibou grand-duc, il se met en route vers Oddenbourg pour trouver le roi Tancrède le jeune et lui conter cette triste aventure. Dans la capitale du royaume de Bohan, Garen rencontre Arthus, Grimbert et la Fouine, anciens compagnons du chevalier d’Ardenois. Une vieille histoire refait alors surface : « Le roi Tancrède l’Ancien, armé de la lame de l’aube que l’enchanteur Maugis lui avait confiée, tua Nuhy à la bataille du Mont Quergnon… Le roi distribua les pièces de l’armure noire à ses capitaines en gage de paix et d’alliance. » (p. 28 & 29) Les quatre compères doivent désormais empêcher Hellequin de reconstituer l’armure noire et lutter contre une vieille malédiction.
La carte liminaire propose des toponymes extraordinaires : Herbeutagne, Valdor, Mer de Loth ou Skernovie. On devine une Angleterre romancée et fabuleuse. Le premier volume des aventures du jeune Garen est riche d’intertextualité : un peu de Robin des Bois version Walt Disney par-ci et un peu Roman de Renart, cette bande dessinée propose un anthropomorphisme très convaincant. Arthus, gros ours mal léché et au tempérament volontiers soupe-au-lait, est particulièrement attachant : difficile de ne pas voir la grosse boule de tendresse qu’il porte au fond de lui. M’est avis qu’il ne tardera pas à prendre le jeune Garen sous son aile (velue). Parlons-en de Garen ! Un lapin héros de bande dessinée, il était temps ! Est-ce que sa frimousse aux grands yeux humides participe de mon coup de cœur pour cette histoire ? Ceux qui oseront le prétendre auront tout juste ! Un lapereau chevalier, c’est tout de même vachement chouette ! Cette dernière réflexion d’une affligeante qualité littéraire ne doit pas vous faire oublier que la bande dessinée est très réussie !
Cette fable médiévale démarre sur les chapeaux de roue et j’ai hâte que le deuxième volume paraisse en librairie !