Roman de Yann Queffélec. Lettre Q du challenge ABC critiques de Babelio.
Un gamin se fait enlever sur une plage bretonne. Pour le colonel Rémus, son tuteur, c’est Martinat, le magnat de l’entreprise Paneurox, qui se venge. Pour retrouver l’enfant, Rémus engage Onyx, une nénette pas épaisse et un peu étrange. Entre ces deux-là, c’est la guerre à couteaux tirés, d’autant plus que les méthodes de Rémus sont de celles qui mettent Onyx face à ses dégoûts. Rémus a des relations compliquées avec les femmes, surtout la sienne qui est enceinte et dont l’enfant ne l’intéresse pas. Rude et maladroit, il sait qu’il s’y prend mal. « Les femmes savent tout, mais elles veulent des mots. Tant que les phrases n’ont pas franchi nos lèvres, elles n’existent pas. » (p. 130) Et ces phrases, Rémus ne sait pas les dire.
Onyx est sauvage, toujours la main sur sa lame, toujours dans le combat. « Dire oui, c’était contraire à ses principes. Elle faisait des choses, éventuellement elle agissait, mais dire oui, c’était plier, s’aligner, commencer à demander pardon à quelqu’un qui méritait qu’on lui tranche les nerfs, pour la peine. Dire oui, c’est balancer. Dire oui, c’est perdre et elle était déjà assez perdue comme ça. » (p. 168) Cette indépendance farouche, Onyx la tire d’une enfance que l’on devine âpre et grise. Elle court après sa revanche, après sa vengeance. Ah, si elle pouvait s’illustrer… « C’était mal connaître Onyx qui ne perdait jamais de vue qu’elle était une personne quelconque. Foutue ni bien ni mal, une gueule passe-partout, elle ne pouvait inspirer que des sentiments quelconques à des êtres dépourvus d’intérêt. C’était en fait son unique folie, l’orgueil : un mal qui lui rongeait les sens. Être belle, ô mortels, être belle, ô mortels, comme un rêve de pierre…, pour les voir tous baver, se traîner à ses pieds. » (p. 172)
Voilà un roman bien bordélique ! On passe de la fraude alimentaire de bêtes malades aux coulisses d’un pouvoir présidentiel que l’on découvre plein de trahisons et de mensonges. Il y a aussi cette légère anticipation puisque nous sommes en 2013, le rapt d’un enfant réfugié d’Afghanistan et les relents de mazout d’un cargo que beaucoup voudraient envoyer par le fond. Si Rémus m’a profondément agacée, voire écœurée, j’ai beaucoup aimé le personnage d’Onyx qui m’a un peu rappelé celui de la désormais célèbre Lisbeth Salander de Millenium. Toutefois, je ne garderai pas un souvenir marquant de ce roman, trop éparpillé et parfois inutilement vulgaire.
De cet auteur, j’ai largement préféré Les noces barbares.