Nouvelle de Joris-Karl Huysmans.
Eugène Lejantel, jeune Parisien, est mobilisé pour la guerre de Prusse. Peu de temps après son départ, il tombe malade et a bien des difficultés à se faire soigner. Avec son compagnon Francis, il trompe l’ennui à l’hospice et tente des sorties de polissons dès que l’occasion se présente. « Mon ami et moi étions arrivés à ce degré d’abrutissement qui vous jette sur un lit, s’essayant à tuer, dans une somnolence de bête, les longues heures des insupportables journées. » (p. 36)
De la guerre, il ne voit finalement pas grand-chose : de son grabat, il apprend la défaite de l’Empereur. Et il a à peine le temps de rentrer à Paris que la capitale est occupée par l’ennemi. Mais c’est sans importance : de retour dans son petit logis, il profite d’une intimité que l’armée n’offre pas. « Il faut avoir vécu dans la promiscuité des hospices et des camps pour apprécier la valeur d’une cuvette d’eau, pour savourer la solitude des endroits où l’on met culotte bas, à l’aise. » (p. 56)
C’est ici le Huysmans naturaliste qui écrit, bien avant sa période décadente ou mystique. Cette nouvelle propose un naturalisme guerrier, mais surtout un naturaliste médical. Ici, on parle de dysenterie et de furoncle en toute liberté. Eugène Lejantel incarne le jeune Parisien attaché à son petit confort. Huysmans évoque avec humour et ironie la joie de disposer de latrines personnelles.