Bande dessinée de Grzegorz Rosinski (dessins) et Jean Van Hamme (scénario).
Pas question ici de donner une critique pour chaque album de cette série. Je veux surtout vous donner envie de la lire.
La magicienne trahie – Parce qu’il aime Aaricia, la fille de Gandalf le Fou, Thorgal Aegirsson est en mauvaise posture. Pour sauver sa vie, il accepte de servir pendant un an une magicienne. Il doit l’aider à se venger du roi des Vinkings du Nord, celui-là même qui veut sa perte. Dans la deuxième aventure de cet album, Thorgal est prisonnier d’un étrange jardin où le temps semble suspendu. Ivre de liberté, il n’aspire qu’à retrouver son pays de glace.
Nous rencontrons donc le ténébreux et mystérieux Thorgal : « Nul ne sait d’où tu viens, pas même toi. Mais on te prétend le fils d’Aegir, le géant qui règne sous la mer… On te surnomme aussi « fils des orages », car des orages tu peux avoir la colère et le tumulte. » (p. 7) Pour avoir déjà lu plusieurs fois toutes les aventures du Viking, je vous assure que ce n’est pas peu dire.
L’île des mers gelées – Thorgal et Aaricia sont sur le point de se marier, mais un aigle enlève la fiancée et la livre à un redoutable et mystérieux seigneur casqué. Thorgal retrouve Slive, la magicienne du premier épisode, et il apprend l’existence d’une civilisation venue des étoiles. Et il apprend qu’il est un fils des étoiles, atterri sur terre par hasard. « Pars, maintenant, Thorgal Aegirsson, remonte vers le soleil puisque le destin aura voulu que tu ne sois qu’un homme parmi les hommes. » (p. 47)
Le passé de Thorgal s’esquisse lentement. Il aspire au bonheur avec Aaricia, mais rien ne dit qu’il pourra l’atteindre.
Les trois vieillards du pays d’Aran – Thorgal et Aaricia sont mariés et ils ont quitté le village viking. En chemin, ils entrent dans le pays d’Aran où, sans le vouloir, Aaricia accomplit une prophétie. « Loués soient les dieux, la prophétie s’est accomplie : nous avons une reine ! Nous enverrons nos émissaires aux quatre points cardinaux pour lui trouver un roi droit et fort, et le pays d’Aran retrouvera sa prospérité perdue. » (p. 9) Pour retrouver sa femme, Thorgal doit la disputer à d’autres concurrents qui voudraient la prendre pour reine. Mais il doit surtout affronter les Bienveillants, trois étranges vieillards aux motivations secrètes.
Thorgal fait une nouvelle fois la preuve de son courage, de sa force, de son intelligence, mais aussi de sa noblesse d’âme. Il rencontre aussi la gardienne des clés qui sera une des protagonistes d’une de ses prochaines aventures.
La galère noire – Thorgal et Aaricia ont trouvé la paix dans une communauté de paysans et ils attendent leur premier enfant. Mais il semble que la tranquillité ne sera jamais pour eux. Une jeune fille jalouse accuse Thorgal d’être un traître et le voilà enchaîné sur une galère à la place de Galathorn, un être qui fait de l’ombre au successeur du pays de Brek Zarith. Pour retrouver Aaricia, Thorgal est prêt à tout et ses adversaires en font les frais. « J’avoue que tu me surprends de plus en plus. Quel genre d’homme es-tu Thorgal ? Que faut-il pour te faire renoncer ? » (p. 23)
Dans cet album, le dessin est plus maîtrisé et le visage de Thorgal commence à se fixer pour ressembler à ce qu’il sera définitivement. Je ne suis pas encore séduite par les couleurs, mais le dessinateur sait créer des univers entiers très crédibles.
Au-delà des ombres – Thorgal a perdu Aaricia et il erre comme une ombre, accompagné de Shaniah, responsable du désastre qui a clôt l’album précédent. Voilà qu’un sombre vieillard et Galathorn lui offrent de retrouver Aaricia. Pour cela, il doit s’aventurer dans un univers terrifiant. « Ce n’est donc pas dans le deuxième monde que Thorgal devra aller pour sauver Aaricia, mais au-delà, jusqu’à la mort elle-même. » (p. 16) Au-delà des frontières de la vie, Thorgal apprendra que l’existence est fragile, mais que certains jouent avec elle comme avec une pelote de fils.
Voilà le premier album de Thorgal qui m’enthousiasme vraiment : le héros y apparaît torturé, sans cesse déchiré entre deux mondes et deux volontés. Le ténébreux Thorgal n’a jamais tant de puissance que quand il est séparé de sa famille, luttant contre les puissances éternelles.
La chute de Brek Zarith – La quête de Thorgal se poursuit. Il atteint enfin la cité où sont retenus son épouse et son fils. Mais le maître des lieux, l’usurpateur Shardar, refuse de rendre leur liberté aux prisonniers. « J’étais venu chercher les miens sans armes et sans haine, Shardar. Mais tu es allé trop loin dans l’abomination. Libère ma femme ou je te transperce. » (p. 45) Les retrouvailles de Thorgal et de sa famille seront mouvementées. Et surtout, son fils Jolan semble doté de pouvoirs extraordinaires.
La paisible contrée où Thorgal et les siens pourront poser leurs bagages est encore bien lointaine. Dans cet album, Aaricia prend davantage d’épaisseur et s’impose comme un personnage à part entière.
L’enfant des étoiles – Cet album explore le passé de Thorgal, notamment sa découverte par les Vikings. L’enfant venu des étoiles, c’est lui et il a vécu ses premières aventures, fait ses premières armes alors qu’il n’était qu’un petit garçon. Et depuis toujours, Thorgal court après son identité et ses origines. « Regarde les étoiles, Thorgal, regarde-les de tout ton être, car ce sont elles qui t’apprendront d’où tu viens. » (p. 38) Au terme de ses premières aventures, nul ne sait ce que Thorgal découvrira et retiendra de son passé.
Avec cet abum, on se sent mieux armé pour lire la suite des aventures de Thorgal. Il n’est définitivement pas un Viking, mais son identité n’est pas plus claire pour autant.
Alinoë – Thorgal et sa famille se sont installés sur une île isolée. Loin du monde, ils souhaitent vivre en paix. Mais le jeune Jolan s’ennuie et désespère d’avoir un ami. Et voilà que surgit Alinoë, un jeune garçon muet aux cheveux verts. Et il semble très lié aux pouvoirs dont Jolan a déjà fait montre. Plus inquiétant, le jeune étranger se montre violent. « C’est bien ce que je craignais. Alinoë n’existe pas vraiment… C’est toi qui l’as imaginé ! » (p. 24) Aaricia veut défendre son fils, mais elle se trouve démunie alors que Thorgal est parti pour plusieurs jours.
Cet album m’a beaucoup effrayée la première fois que j’ai lu. Il peut se lire comme une aventure indépendante, mais il révèle une partie des grands pouvoirs que Jolan a hérités de son père, descendant d’une race très évoluée.
Les archers – Pour racheter un bateau et rejoindre les siens, Thorgal participe à un concours d’archers. Il rencontre la redoutable Kriss de Valnor, tireuse à l’arc hors pair, mais surtout dotée d’une fureur sans pareille. « Je te tuerai pour ça, Thorgal Aegirsson ! J’y mettrai le temps qu’il faudra, mais je te tuerai. » (p. 24) L’enjeu du tournoi est une bourse de pièces d’or, mais Thorgal est face à de féroces adversaires. Et le chemin qui mène à sa famille est encore long.
Nous rencontrons enfin Kriss de Valnor, aussi belle que brutale et cupide. Elle est de ceux qu’il vaut mieux amadouer qu’affronter, mais Thorgal n’est pas de ceux qui plient le genou.
Le pays Qâ – Kriss de Valnor enlève Jolan et Pied-d’Arbre pour contraindre Thorgal à l’accompagner dans une mission dangereuse. « Vous aurez le souci non seulement de me suivre et de m’obéir, mais également de me protéger en toutes circonstances. Car s’il m’arrivait quoi que ce soit, vous n’auriez jamais aucun moyen d’espérer jamais revoir vos chers disparus. » (p. 12) Thorgal, Tjall et Aaricia embarquent pour le légendaire pays de Qâ, terre sur laquelle Ogotaï et Tanatloc se sont longtemps affrontés.
Les yeux de Tanatloc – Cet album fait suite immédiate au précédent. Thorgal, Aaricia, Kriss et Tjall ont pénétré les territoires interdits et tentent de rejoindre la cité de Mayaxalt pour renverser Ogotaï, un être surpuissant. Mais cette aventure rapproche Thorgal de ses origines plus qu’il ne l’aurait cru. « Comment savez-vous tout ça, si vous n’êtes pas un vrai dieu ? Comment savez-vous d’où venaient les parents de Thorgal ? » (p. 22) Pendant ce temps, Jolan apprend de Tanatloc comment utiliser ses pouvoirs.
Une nouvelle fois, l’aventure s’arrête en pleine action. Rendez-vous au prochain épisode ! Qu’il est palpitant de remonter aux origines de l’histoire de Thorgal et de voir comment elle s’incarne en Jolan !
La cité du dieu perdu – L’expédition se poursuit. Arrivés à Mayaxalt, Thorgal et ses comparses auront fort à faire pour accomplir leur mission et rester en vie. Et Thorgal apprend que sa destinée n’appartient pas à ce monde : « Ton existence n’est pas inscrite dans les lignes essentielles tracées de toute éternité pour les hommes de la terre et les dieux s’en irritent, car il est inadmissible d’être et de ne pas être en un même temps. » (p. 37)
Nous savions que Thorgal venait des étoiles, mais pas qu’il irritait les dieux du nord. Peu à peu, la mythologie scandinave et la science-fiction se mêlent étroitement pour tracer le destin du héros. Rosinski et Van Hamme proposent une intrigue haletante et très originale.
Entre terre et lumière – Les Xinjin ont fait de Jolan leur nouveau dieu, pour remplacer Tanatloc. Alors que Thorgal et Aaricia veulent rejoindre leur île dans le Northland, leur fils refuse de quitter le pays de Qâ. Il est pourtant évident que les Xinjin doivent réapprendre à vivre sans dieu. « Sans doute nous sera-t-il plus facile d’honorer ton souvenir que de servir ta présence. » (p. 11) Mais tous les Xinjin ne pensent pas ainsi et l’un d’eux décide de supprimer les parents de Jolan. C’est compter sans Kriss de Valnor qui a plus d’une corde à son arc.
Aaricia– C’est dans le passé d’Aaricia que le lecteur est cette fois plongé. Et l’on découvre que l’enfant, princesse des Vikings du nord, est éprise de Thorgal depuis son plus jeune âge. « Quand je serai grande, je me marierai avec toi, comme ça, je pourrai m’occuper de ton ménage et rester avec toi. » (p. 24) La petite princesse connaît aussi des aventures sans pareilles, comme rencontrer un dieu ou faire un arc-en-ciel.
J’aime ce genre d’album. Après quatre albums passés en pays de Qâ, il est bon de faire une pause, de s’attacher plus précisément à un personnage et de revenir aux sources de l’histoire pour mieux appréhender les albums à venir.
Le maître des montagnes – Piégé par une avalanche, Thorgal se réfugie dans une bergerie abandonnée et rencontre le jeune Torric qui fuit les soldats de Saxegaard. Sans comprendre comment, Thorgal voyage dans le temps plusieurs fois et finit par rencontrer Saxegaard. « Les évènements que nous vivons découlent d’autres évènements qui se sont produits dans le passé. Si on change quelque chose à ces évènements passés, leurs conséquences dans le présent seront changées de même. » (p. 24) À cause d’une terrible histoire amour, Thorgal risque de rester pris dans les pièges du temps.
Si comme moi, vous vous perdez rapidement dans les récits de voyage dans le temps, bonne chance ! J’aime cet album, mais je le re-comprends chaque fois que je le lis. Un cercle temporel immuable, en somme…
Louve – Thorgal et les siens reviennent dans leur village d’origine. Aaricia est enceinte. Ils croisent Wor le Magnifique qui prétend unifier tous les peuples vikings. Mais Thorgal refuse toujours de se soumettre à l’autorité des hommes brutaux. « On peut très bien être un homme sans vouloir à tout prix aller casser la tête de son voisin. Et les Vikings ne seront jamais un grand peuple tant qu’ils se contenteront de pillages et de massacres. » (p. 13) Tandis que Thorgal tente une nouvelle fois de protéger les siens, Aaricia accouche seule dans une tanière. Et ce sera une fille.
J’aime particulièrement les dessins et les couleurs de cet album : ils sont très sombres, mais ils laissent pressentir un grand espoir, un apaisement momentané.
La gardienne des clés – On retrouve Volsung de Nichor et la gardienne des clés. Le premier doit dérober à la seconde la ceinture qu’elle ne quitte jamais. Ainsi muni, Volsung se révèle invincible et il projette de se rendre maître des Vikings. Thorgal parvient à déjouer ce plan, mais il comprend que son destin le place sans cesse en danger, ainsi que sa famille. « Je t’aime, Aaricia, tu es ce que j’ai de plus précieux au monde. Et c’est précisément pour cela que je dois partir. » (p. 47)
Ici commence le long exil de Thorgal loin des siens. Désormais, leurs histoires se dérouleront en parallèle, se croisant parfois, jusqu’à ce que Thorgal ait réglé ses comptes avec les dieux.
L’épée-soleil – Loin de sa famille, Thorgal croise Orgoff l’invincible qui possède une épée fantastique. « On dit qu’il est allé jusqu’au soleil pour y chercher une épée magique faite de rayons de feu. » (p. 7) Fait prisonnier et contraint de travailler à l’édification d’un gigantesque bâtiment, Thorgal ne tarde pas à s’échapper. Il retrouve Kriss de Valnor qui veut s’emparer de l’épée d’Orgoff pour s’assurer puissance et richesse.
C’est un album intéressant, mais sans portée véritable, plus un intermède qu’une véritable aventure. Mais c’est toujours un plaisir de regarder les dessins de Rosinski.
La forteresse invisible – Thorgal décide de rentrer chez lui. En chemin, il rencontre la vieille Alayin qui lui conte une histoire sur les dieux. « C’est ainsi que depuis des millénaires d’éternité, prisonnière et gardienne à la fois de sa forteresse invisible, Taïmyr veille sans relâche sur le secret de la mémoire des dieux. » (p. 14) Pour trouver enfin le repos, Thorgal doit effacer son nom de la pierre où les dieux l’ont inscrit. Mais il doit aussi effacer sa mémoire : « Si tu ne tues pas tes souvenirs, ce sont eux qui te tueront. » (p. 42) Ainsi libéré, Thorgal pourra-t-il enfin trouver la paix ?
L’exil de Thorgal prend un nouveau visage : sans mémoire et sans passé, il n’a plus rien à quoi se raccrocher et son voyage est gouverné par une nouvelle puissance maléfique.
La marque des bannis – Désormais amnésique, Thorgal écume les mers et les côtes vikings sous le Saîghan-sans-merci, assisté de Kriss de Valnor qui se prétend son épouse et le pousse aux pires exactions. Pour le peuple des Vikings du nord, Aaricia et ses enfants deviennent donc des traîtres et ils sont bannis du village. « Nul en terre viking ne pourra vous donner asile, ni vous porter assistance sous peine d’être banni à son tour. » (p. 12) En route vers leur ancienne île, Aaricia et Louve sont capturées par Kriss de Valnor. C’est désormais à Jolan de sauver les siens.
Le jeune Jolan n’est plus un petit garçon et il est temps pour lui de prouver sa valeur. Aussi brave et noble que son père, il allie la force du Viking et la puissance mentale de la race de Thorgal.
La couronne d’Ogotaï – Jolan est toujours sur la trace de sa mère et de sa sœur. Il rencontre Jaax le Veilleur qui lui demande de l’aide : « Alors, qu’attends-tu de moi ? / Que tu m’aides à réparer une grave erreur commise par tes ancêtres. » (p. 11) Jolan doit retrouver la couronne d’Ogotaï pour éviter que le temps et l’histoire soient considérablement bouleversés. D’un saut dans le temps à un autre, il met tout en œuvre pour sauver sa famille.
Encore une histoire de voyage temporel. Comme toujours je m’y perds, mais avec un réel plaisir ! Jolan révèle un caractère aussi intrépide que celui de son père. Comme lui, il refuse de se plier aux règles et reste prêt à tout pour sauver les siens.
Géants – Les drakkars de Kriss de Valnor et Shaïgan-sans-merci ont capturé Galathorn, le seigneur de Brek Zarith. Grâce à lui, Thorgal a peut-être une chance de retrouver la mémoire. « Tu as le même visage, le même regard, la même voix… et aussi la même petite cicatrice sur la pommette droite. » (p. 9) Une nouvelle fois, Frigg, l’épouse du grand Odin, offre son aide à Thorgal, à la condition qu’il se rende dans le pays des géants pour retrouver un trésor disparu.
Toujours le premier à se fourrer dans des aventures invraisemblables, Thorgal doit sa survie à son courage et à sa force, mais aussi à la bienveillance des dieux. Pas de doute, c’est un héros au sens très classique du terme : à la fois valeureux et noble, il agit toujours pour le bien de la communauté et jamais en son nom propre ou pour son seul intérêt.
La cage – Thorgal a compris qu’il n’aurait jamais dû quitter les siens, même pour les protéger. Il met enfin le pied sur l’île où vivent sa femme et ses enfants. Mais Aaricia refuse de laisser approcher et le garde en cage : elle ne croit pas que cet homme est son époux. « Tu n’as pas intérêt à te faire passer pour Thorgal, car je ne sais pas si je pourrai lui pardonner les larmes de souffrance et de haine que je versais chaque nuit. » (p. 28) Aaricia n’a pas oublié son esclavage auprès de Kriss de Valnor et elle se méfie plus de son cœur que de sa peur.
Enfin, Thorgal a retrouvé sa famille ! Home Sweet Home ? Pas vraiment… Thorgal est un peu l’Ulysse des mers du Nord : il ne retrouve sa Pénélope que pour mieux repartir. Son odyssée est sans fin.
Arachnéa – Thorgal et sa famille ont décidé de quitter les terres du nord. Mais leurs barques sont séparées. Thorgal et Louve s’échouent sur les terres d’Arachnopolis, où tout le monde vénère Arachnéa. La cité lui offre régulièrement de jeunes hommes et décide de sacrifier Thorgal. « Mais je n’ai pas l’intention d’offrir sa nuit de noces à votre prétendue déesse. » (p. 31) Thorgal n’est qu’un homme, mais il ne craint jamais d’affronter les dieux, quelle que soit leur origine.
Un peu de mythologie grecque pour le beau guerrier pacifique, c’est un pari réussi et une histoire très plaisante. Mais les araignées, non vraiment, ce n’est pas ma tasse de thé !
Le mal bleu – Cet album est raconté par Jolan : « Moi, je m’appelle Jolan. J’ai douze ans et je vais mourir. » (p. 3) Jolan a été mordu par un rat et une marque bleue s’étend sur tout son corps. Aaricia est également atteinte. Thorgal part à travers un étrange royaume pour trouver le remède qui sauvera les siens et toutes les victimes de l’étrange épidémie bleue.
Cette aventure est loin d’être l’une de mes préférées. Le schéma classique péripétie-dénouement est ici trop simpliste et l’univers créé autour de cette intrigue n’est pas vraiment original. Toutefois, les dessins sont toujours superbes.
Le royaume sous le sable – Aaricia aimerait rejoindre son pays. Après quelques hésitations, Thorgal accepte et comprend qu’il a déjà la contrée merveilleuse qu’il recherchait : « C’est toi, mon pays. Toi, Jolan et Louve, où que nous vivions… » (p. 8) Mais rien ne se passe jamais comme Thorgal le voudrait. Il trouve sur son chemin d’autres représentants du peuple des étoiles qui ne rêvent que d’asservir les hommes.
Décidément, le passé ne cesse jamais de courir après Thorgal. L’intrigue fait surgir du sable une mythique cité disparue, mais jamais le pouvoir et la richesse ne corrompront le fier guerrier.
Le barbare – Thorgal et sa famille ont été faits prisonniers. Sommés de servir un seigneur cruel, ils ne peuvent qu’obéir s’ils veulent survivre. « Tu n’es pas ici pour juger nos coutumes, barbare, mais pour obéir à ton maître. Tu n’es plus esclave, soit, mais souviens-toi du sort qui t’attend si tu quittes le palais. » (p.23) Une nouvelle fois, Thorgal doit participer à un tournoi pour sauver sa vie et les siens.
Une nouvelle fois, Thorgal est séparé des siens ! Bon, on prend la même histoire et on recommence. En tout cas, le Northland est encore loin !
Kriss de Valnor – Laissé pour mort sur un îlot désertique, Thorgal est porté disparu. Aaricia et ses enfants ont été envoyés dans des mines d’argent qui sont surveillées par la perfide Kriss de Valnor. « Ne te méprends pas, Aaricia, cela fait plus d’un an que je suis ici, condamnée comme vous. » (p. 14) Pour sauver leur vie et retrouver Thorgal, Aaricia et Kriss n’auront d’autre choix que de s’allier.
Cet album marque-t-il vraiment la fin de Kriss de Valnor ? Rien n’est moins sûr. La toute dernière image est superbe et rappelle l’art amérindien.
Le sacrifice – Thorgal est toujours inconscient. Louve et Aniel sont brûlants de fièvre. Aaricia et son fils désespèrent de trouver asile et nourriture. Mais Vigrid, un jeune dieu, descend d’Asgard pour aider Aaricia et donner à Thorgal la chance de se sauver. Mais le guerrier n’aura que deux jours pour accomplir sa mission, sinon il mourra. Accompagné de Jolan, il passe une nouvelle fois dans le deuxième monde. « Aaricia m’a toujours dit que, quels que soient les difficultés et les dangers, tu n’abandonnais jamais. Qu’aucun obstacle ne te faisait peur et que tu luttais jusqu’au bout. » (p. 19) Ce que Thorgal ne sait pas, c’est que la plus grande des épreuves ne lui sera pas de celle qui se mène les armes à la main.
Il est émouvant de voir Thorgal vieillir. Ses temps blanchissent, son bras frémit un peu, mais son cœur reste vaillant et brave. Le flambeau est sur le point d’être transmis.
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Thorgal n’est pas un homme ordinaire. Cet archer aux dons exceptionnels n’use de son arme que pour se nourrir ou défendre les siens, pas pour tuer par plaisir. Sa force est sans pareille : dès les premières pages de sa première aventure, on le voit escalader une paroi enneigée à mains nues. Toutefois, bien qu’il soit taillé pour la guerre, il ne sera jamais un vrai Viking puisqu’il n’aspire qu’à vivre en paix auprès des siens. « Ni roi, ni esclave, mais un homme libre dont la seule attache était l’amour des siens. » (Le mal bleu, p. 5) Mais sa quête d’identité et la destinée que lui ont forgée les dieux l’éloignent sans cesse de cette quiétude à laquelle il aspire désespérément.
Comme la série de bandes dessinées Aria, dès les premiers albums, on entend les rumeurs et on voit les reliques d’une catastrophe qui a détruit une ancienne civilisation très développée, avec des technologies très abouties. Dans le monde primitif des Vikings ou du pays de Qâ, ces reliques sont élevées au rang d’objets divins et ceux qui en mésusent au rang de divinités. Mêler la mythologie scandinave et la science-fiction, ça fonctionne vraiment très bien, comme une osmose. Ceux qui n’aiment que modérément la science-fiction se régaleront des peintures de la culture scandinave. Et ceux que les mythes et légendes ennuient apprécieront que la science-fiction vienne dépoussiérer les vieilles histoires. Pour ma part, j’apprécie les deux et le plaisir de lecture n’en est que plus grand.
S’agissant des dessins, je n’aime pas beaucoup les premiers albums : le trait n’est pas fixé, les couleurs sont trop criardes. Mais rapidement, Rosinski acquiert une maturité qui s’accorde avec l’évolution du personnage central : le dessin devient plus grave, plus consistant et plus sombre. Comme très souvent, les vilains pas futés ne sont pas beaux et les perfides intelligents ont la gueule de l’emploi. Mais les gentils n’ont pas des gueules d’ange pour autant. J’apprécie que l’intrigue ne verse jamais dans un manichéisme simpliste. Certes, il y a des méchants très méchants, mais le parti pris est plutôt d’appuyer sur la part d’ombre de tous les personnages et surtout sur celle des protagonistes positifs.
J’ai commencé à lire cette série quand j’étais toute petite, quand je me faufilais en douce dans la bibliothèque parentale. Pendant longtemps, je n’ai plus ouvert ces albums et j’en gardais un souvenir confus et un peu effrayé. Les redécouvrir aujourd’hui est particulièrement plaisant : c’est comme retrouver des amis de longue date, reprendre le fil de leurs vies et découvrir de nouvelles histoires. Aux amateurs de séries et d’intrigues bien ficelées, je conseille vraiment l’œuvre de Rosinski et Van Hamme.