Roman de Carl de Souza. Lu dans le cadre du Prix Océans.
Jeremy Kumarsamy est un ancien champion de badminton de niveau international. À la suite d’une mauvaise blessure qui l’a laissé handicapé et menacé d’arrestation pour avoir agressé une autorité sportive, le jeune homme se terre dans la demeure familiale de Port-Benjamin dans les îles Fernandez, sous la surveillance de sa mère et d’un vieil employé de maison.
Alors que la guerre des Malouines fait rage en Argentine, Jeremy revient sur son enfance. Il évoque en pensée sa mère Ivy, totalement dévouée à son mari Samy. Il y a aussi Felicity, sa tante, si fascinante et si belle, et si désespérément absente. L’univers du jeune garçon vole en éclats avec la déclaration d’indépendance des îles Fernandez. « Les îles flottaient quelque part dans l’océan Indien, amarres larguées. Les Anglais avaient perdu la trace de la tranquille colonie qui, elle-même, ignorait où elle se trouvait. » (p. 112) Samy Kumarsamy est totalement anéanti par le retrait des troupes anglaises et sa déchéance entraîne toute la famille. De vaguement insolent, Jeremy devient un enfant intenable. Une seule chose le passionne, le badminton, au point de l’entraîner loin de chez lui, dans les plus grandes compétitions mondiales, mais aussi dans le monde adulte où la politique se moque des destins personnels. « Il fallait mettre fin aux incartades du gamin que rien d’autre n’intéressait que le bad, Albion Hall était la solution. » (p. 98)
Entre passé et présent, Jeremy répond à l’impérieux besoin et au pressant devoir de se souvenir. « Le gamin que j’étais s’est extrait de mon rêve enfiévré pour mieux me talonner, il sait qu’avec mon handicap je ne vais pas lui échapper. » (p. 165) Des îles Fernandez à Londres, on suit le destin sportif d’un garçon pour qui le badminton n’était pas seulement une valeur familiale ou une tradition britannique, mais avant tout un accomplissement presque mystique. Albion Hall, ancienne église reconvertie en salle d’entraînement, est le sanctuaire où Jeremy souffre et communie au sport avec des adversaires aussi passionnés que lui.
Après un début prometteur, ce roman s’essouffle. Ou peut-être est-ce moi qui n’ai pas gardé mon intérêt éveillé. Le long voyage à rebours de l’auteur est trop égocentrique, sans remise en question. Il ne fait que gémir sur des personnes perdues, des occasions manquées et des volontés avortées. Toutefois, j’ai aimé suivre la décolonisation de cet archipel perdu dans l’océan Indien.