Saturnine n’en revient pas : c’est elle que Don Elemirio a choisi pour être sa colocataire, dans son luxueux immeuble particulier parisien. La jeune Belge apprend que 8 femmes l’ont précédée et ont disparu. Apparemment, elles ont ouvert la chambre noire interdite. Saturnine ne connaissait pas la réputation de son illustre colocataire qui se prétend l’homme le plus noble du monde. Elle découvre sa misanthropie et son étrange façon d’assouvir ses besoins charnels. « Les colocatrices n’espèrent pas qu’on les épouse. Elles habitent déjà avec vous. » (p. 28)
D’abord cynique, Don Elemirio tombe fou amoureux de Saturnine. Fasciné par l’or, il le voit s’incarner dans la jeune femme. Mais Saturnine se méfie : son hôte a-t-il tué ses 8 colocataires ? Que cache la chambre noire ? « Ce type se nourrit de l’angoisse des autres, et des femmes en particuliers. Je veux lui montrer qu’il ne m’impressionne pas. » (p. 61) Saturnine saura-t-elle résister au charme trouble de Don Elemirio ? Saura-t-elle le battre à son jeu désabusé ?
Pas vraiment emballée par Stupeur et tremblements, j’ai apprécié cette fable chromatique qui revisite le célèbre mythe littéraire. En partant du présupposé que la colocation est l’accomplissement idéal de l’amour, Amélie Nothomb pose un regard cynique sur les relations amoureuses et humaines en général. Bon, ce n’est pas le livre de l’année, mais il est plaisant, parfois très drôle et la fin est surprenante.