Une jeune femme attend un métro. Au moment où la rame entre en gare, un vieil homme lui sourit et se jette sous les rails. La jeune femme s’enfuit et erre dans la ville, sous la pluie, tourmentée par l’image de cet homme souriant. Ce faisant, elle oublie son rendez-vous avec son amant dans un hôtel près d’une plage. Ce n’est qu’au matin qu’elle raconte sa nuit déambulatoire. Mais l’amant photographe n’est pas sensible aux mots : saura-t-il entendre tout ce que signifie la phrase « Écoute la pluie » ?
Le récit de la marche sous la pluie s’entremêle de souvenirs. On perçoit que le couple a vécu de belles heures et qu’il tente de réchauffer un sentiment qui vacille. « Les voyages nous ont beaucoup portés, les retours nous ont perdus parfois. » (p. 24) La nuit d’amour devenue nuit de mort semble ne jamais finir et la pluie qui balaye la ville n’efface pas l’image macabre du vieil homme. Et pour une fois, la tourmente n’apaise pas le cœur de la narratrice, pourtant habituée à communier avec le ciel. « Des éclairs lointains déchirent le ciel, j’aime l’orage et sa grande colère. » (p. 35)
Le titre de ce roman aussi bref qu’une giboulée est particulièrement charmant : écouter la pluie, je le fais souvent et avec un plaisir intense. Hélas, je n’ai pas retrouvé la beauté du chant du ciel dans ce texte de Michèle Lesbre. Je suis restée sur le quai, ni happée par la mort du vieil homme, ni entraînée dans l’errance nocturne de la narratrice. De très loin, j’ai suivi sa déambulation bouleversée, sans ciller. D’ordinaire, les écrits de cette auteure m’empoignent et me transportent. Pas cette fois. Mais ça ne m’empêchera pas d’écouter la pluie quand elle reviendra.