Tome 1 : Le pistolero – Tome 2 : Les trois cartes – Tome 3 : Terres perdues – Tome 4 : Magie et cristal – Tome 5 : Les loups de la Calla
Roman de Stephen King. Illustrations de Darrel Anderson.
Ce sixième volume s’ouvre immédiatement après la victoire des pistoleros sur les Loups. La Calla a retrouvé sa sérénité sans perdre ses enfants. Mais Susannah/Mia a disparu pour mettre au monde le monstre qu’elle porte depuis des mois. En traversant la porte, elle a emporté la Treizième Noire. Alors que ce qui reste du ka-tet se prépare à partir à sa poursuite, un des Rayons qui soutient la Tour sombre lâche sous l’effet du sinistre travail des Briseurs. Si l’urgence est de retrouver Susannah et de la sauver de l’emprise de Mia, Roland sait également qu’il ne doit plus tarder s’il veut rejoindre la Tour avant qu’elle ne s’effondre.
Susannah/Mia se retrouve à New York en 1999, soit plus de 30 ans après que Susannah en ait été arrachée par Roland. La femme d’Eddie sait lutter contre l’emprise de Detta Walker, mais difficilement contre celle de Mia. La femme est avant tout une mère et elle fera tout pour sauver et garder son p’tit gars. « L’usurpation de Mia avait gagné toutes les facettes de la personnalité de Susannah, semblait-il, et si Detta Walker était de retour, tellement remontée et prête à en découvre, c’était en grande partie dû à l’intervention de cette inconnue indésirable. » (p. 107) Mais d’où vient cet enfant ? Qui en est le père ? Pourquoi Susannah abrite-t-elle à la fois la mère et l’enfant ? Et qui est Mia ?
Pendant ce temps, croyant suivre Susannah, Roland et Eddie retournent en juillet 1977. « Chacun doit suivre la voie sur laquelle l’engage le ka. » (p. 299) Leur voyage leur permet de retrouver Clavin Tower et de préserver enfin la rose, lumineux pendant de la Tour sombre. Et dans la suite de leur périple vers Susannah, ils rencontrent un étrange écrivain du nom de Stephen King. « Stephen King est-il le Roi Cramoisi de ce monde ? » (p. 212) Roland reconnaît celui qui a écrit son histoire, mais l’auteur démiurge dit n’avoir jamais écrit après le premier volume. C’est donc toute une intrigue qui semble sortie de nulle part puisque l’auteur avoue son impuissance face à la rédaction du roman. « Ça devait être mon ‘Seigneur des anneaux’ à moi, ma grande saga, mon ce-que-vous-voudrez. Un des avantages quand on a vingt-deux ans, c’est qu’on ne manque pas d’ambition. Mais il ne m’a pas fallu longtemps pour voir que c’était tout simplement trop gros pour mon petit cerveau. Trop… je ne sais pas… outrancier ? On peut dire ça, oui. Et puis, […], j’ai perdu le plan. » (p. 351) Et si Stephen King, comme toute chose, servait le Rayon ? Voire s’il était manipulé par le Roi Cramoisi ?
Quant à Jake, le père Callahan (lui-même sorti du roman Salem de Stephen King) et Ote, ils sont sur les traces de Susannah/Mia et espèrent la retrouver avant qu’elle n’accouche de sa monstrueuse progéniture.
Le volume s’achève sur le journal de l’auteur. Réel ou non, il montre comment, entre 1977 et 1999, Stephen King a rechigné, puis s’est investi à plume perdue dans l’écriture de La Tour sombre. Peu à peu, on comprend pourquoi il a laissé tant de temps entre chaque volume. Pour ma part, je suis ravie d’avoir commencé la lecture de ce cycle alors qu’il est achevé, ou presque. Attendre 15 ans entre deux volumes, voilà qui m’aurait rendue folle, d’autant plus que je n’arrive pas à laisser passer 3 jours entre deux tomes… Avec brio, l’auteur interroge le lecteur sur la consistance des personnages : les héros sont-ils des êtres fictifs ou des êtres réels ? Et il se garde bien de donner une réponse.
J’ai beaucoup apprécié ce sixième volume. La délivrance de Susannah/Mia est pleine de rebondissements à venir. Et j’aime voir le personnage de Roland s’assombrir : le pistolero est un héros au sens classique du terme, mais il chevauche en laissant derrière lui des cadavres et en écartant ce qui le détourne de sa voie vers le Rayon. « Il porte autour du cou la culpabilité des mondes comme un cadavre en putréfaction. » (p. 136) Contrairement aux autres volumes, Le chant de Susannah est découpé en couplets. Et la longue mélopée qui entraîne le lecteur a les accents ancestraux des complaintes des femmes en travail. Au terme du volume, comme Susannah/Mia, l’auteur donne le jour à son monstre. Advienne que pourra dans le volume 7 !