Notre-Dame-des-Fleurs

Roman de Jean Genet.

La dédicace liminaire s’adresse à Maurice Pilorge, cet assassin de vingt ans que l’auteur pleurait déjà dans Le condamné à mort.

Du fond de sa prison, Jean rêve à des « amants enchanteurs » et il convoque des hommes de papier pour combler sa solitude et son désir. Pour lui, le crime est beau et il exalte la beauté des criminels. « Je veux chanter l’assassinat puisque j’aime les assassins. […] Je l’ai dit plus haut. Plutôt qu’un vieux, tuer un beau garçon blond, afin qu’unis par le lien verbal qui joint l’assassin à l’assassinat (l’un l’étant grâce à l’autre), je sois, aux jours et nuits d’une mélancolie désespérée, visité par un gracieux fantôme dont je serais le château hanté. » (p. 107) La prison, pour Jean Genet, est une obsession : il l’a souvent pratiquée et il s’y sent chez lui. « Ma bonne, ma tendre amie, ma cellule ! Réduit de moi seul, je t’aime tant ! » (p. 121) Étrangement, il ne semble pas prisonnier et s’échappe de la geôle à force de fantasmes et d’imagination. Avec des coupures de journaux, entre réel et imaginaire, Jean recompose un univers.

Il est question d’un monde noctambule et voyou peuplé d’individus hauts en couleurs. Divine est un travesti renommé dans les bas-fonds parisiens, dingue d’un mac nommé Mignon-les-Petits-Pieds. L’étoile fulgurante de ce milieu canaille et brutal, c’est Notre-Dame-des-Fleurs, un jeune voleur éclatant de beauté, amant occasionnel de Divine et de Seck, un bel Africain. Sous la plume de Jean, on suit les liaisons souvent orageuses des tantes, des tapettes et autres pédales parisiennes.

Le narrateur, c’est Jean, très probablement Jean Genet, qui livre ses troubles et ses peines. « Ce livre, j’ai voulu le faire des éléments transposés, sublimés, de ma vie de condamné, je crains qu’il ne dise rien de mes hantises. » (p. 204) On retrouve dans ce roman les thèmes évoqués dans Le condamné à mort : « Mes livres seront-ils jamais autre chose qu’un prétexte à montrer un soldat vêtu d’azur, un ange et un nègre fraternel jouant aux dés ou aux osselets dans une prison sombre ou claire ? » (p. 24) Dans sa langue si unique, qui mêle argot et poésie, Jean Genet chante une nouvelle fois les amours homosexuelles, ainsi que son obsession pour la beauté et la jeunesse masculines. C’est une littérature très particulière et un sujet qui peut en gêner, voire en choquer certains. Je ne prends pas position et je me contente d’apprécier, sans toujours la comprendre, la poésie foudroyante de Jean Genet, auteur passionné et torturé.

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