À 12 ans, Harvey propose à Charles, dit Bleeder, d’échanger le comic Superman numéro 1 contre un tuyau de plastique. Mais, des années plus tard, la bande dessinée a gagné en valeur et Harvey a le sentiment que cet échange l’a privé d’une vie riche et heureuse. Il faut dire que sa vie est plutôt minable : gérant d’une boutique de bandes dessinées, il est à la fois un adolescent attardé et un adulte immature. Obsédé par la bande dessinée qu’il a échangée pour rien, il espère revoir Charles lors de la réunion des anciens de l’école. Mais jusqu’où est-il prêt à aller pour retrouver ce numéro rarissime des aventures de Superman ? Et que faire si la tête de Turc de l’école décide de se venger, vingt ans plus tard ?
Ce roman se fonde sur une idée originale : comment un échange de cour de récréation peut-il décider de la trajectoire d’une vie. L’auteur dissèque sans concession l’échec des rêves de gosses et des ambitions d’adultes. Outre les douleurs de l’enfance, Swap explore les secrets que certains auraient aimé garder au fond des caves. « Les secrets, c’est comme l’argent : on ne les dilapide pas, on les met de côté en pensant à l’avenir. » (p. 290)
Mais j’ai eu bien des difficultés à suivre les errements d’Harvey : cet adulte pathétique m’a rappelé le protagoniste de Haute fidélité, roman de Nick Hornby. Harvey est un antihéros qui nage dans un monde de superhéros. Son pouvoir ? Voyez vous-même : « Harvey était doué pour analyser le langage du corps. Par beau temps, il pouvait se vexer à cent mètres de distance. » (p. 289) Le ridicule ne tue pas, c’est vrai, mais il peut finir par ennuyer le lecteur. J’ai terminé à grand-peine cette histoire qui passe de l’aventure potache au roman noir.