Cinq histoires auxquelles Paul Auster a pris part, auxquelles il a assistées ou dont il a été le dépositaire. Cinq anecdotes sans lien apparent, si ce n’est l’extraordinaire magie de l’instant ordinaire qui, isolé du temps et du continuum quotidien, devient un évènement, une apothéose. Pourquoi écrire ? Justement parce qu’il y a des instants, comme ceux que relate Paul Auster, qui méritent des lignes et que l’encre coule. Parce que sans ces instants minuscules et pourtant essentiels, il n’y a pas d’inspiration, pas de ressort à l’imagination et au travail de l’écrivain. Parce que Paul Auster, humblement et honnêtement, reconnaît la puissance du banal et la force du petit rien. Et, enfin, parce qu’il révèle une évidence : tout mérite d’être écrit du moment qu’une âme tend vers la littérature.
« Depuis ce soir-là, j’ai toujours eu un crayon sur moi, où que j’aille. J’ai pris l’habitude de ne jamais sortir de chez moi sans m’assurer que j’avais un crayon en poche. Non parce que j’avais idée de ce que je ferais avec ce crayon, mais parce que je ne voulais plus être pris au dépourvu. Je m’étais laissé prendre une fois, et n’étais pas prêt à laisser ça se reproduire. Si les années m’ont appris une chose, c’est ceci : du moment qu’on a un crayon dans sa poche, il y a de fortes chances pour qu’un jour ou l’autre, on soit tenté de s’en servir. Et je le dis volontiers à mes enfants, c’est comme ça que je suis devenu écrivain. » (p. 31)
31 pages de génie et de concision. 31 pages où Paul Auster démontre une nouvelle fois – bien que nul n’en doutait – qu’il estt un fabuleux conteur et qu’il sait faire une histoire d’un rien du tout, même si l’histoire ne fait que quelques paragraphes. Ce n’était jamais la longueur qui fait la valeur de l’oeuvre, mais bien l’intention de l’auteur quand elle est respectée et pleinement aboutie. Pour moi, ces 31 pages sont un bijou qui vaut La trilogie new-yorkaise.