Une communauté d’hommes et de femmes vit dans un silo qui s’enfonce dans les profondeurs de la terre. À la surface, l’atmosphère est apocalyptique : l’air est irrespirable, chargé de toxines et charriant des nuages lourds de poison. « Nous ne sommes pas ceux qui ont fabriqué ce monde-là, […], mais c’est à nous qu’il appartient d’y survivre. » (p. 417) Les survivants ont organisé une existence tournée vers l’intérieur et quiconque laisse supposer que l’extérieur pourrait être plus propice est immédiatement envoyé au nettoyage des caméras, à la surface. Ce châtiment est définitif et sans appel, car les combinaisons ne résistent pas longtemps aux souffles viciés qui balayent la terre. L’histoire du silo est pourtant émaillée de révoltes. « Chaque insurrection s’est produite à cause de ce doute, de ce sentiment que nous sommes au mauvais endroit. » (p. 37) Pour diverses raisons, plusieurs nettoyages vont se succéder rapidement et faire partir l’étincelle d’une nouvelle insurrection. Car il y a des rumeurs qui courent : l’extérieur n’est pas ce qu’il semble être ; les dirigeants manipulent la vérité ; il y a de la vie ailleurs.
J’ai pris des pages et des pages de notes en lisant ce roman. En les relisant, j’ai vu qu’elles disaient tout. Or, il serait vraiment dommage de déflorer ce roman et de briser le ressort qui soutient l’intrigue. À dessein, je ne cite aucun personnage, car aucun ne tient seul le haut de l’affiche. Hugh Howey a écrit une excellente dystopie remarquablement construite. Entre science-fiction et roman psychologique, cette œuvre propose une relecture du mythe de la caverne : ce que l’on voit est-il réel ? La projection est-elle un média nécessaire ou une barrière qui bloque l’accès à la vérité ? Est-il sain d’imaginer un ailleurs ? « Quelle que soit la psychologie de l’individu, la vue de tous leurs faux espoirs finissait par les pousser à faire ce qu’ils avaient juré de ne pas refuser. » (p. 229)
Silo est le premier tome d’une trilogie dont la suite est prévue pour le printemps 2014. Pour ma part, la fin du tome premier me satisfait : elle est ouverte et je la trouve suffisante pour laisser l’imagination du lecteur prendre le relais d’une histoire qui a tout pour devenir un classique.