Théo Béranger sort de prison. Il a purgé sa peine, mais il est « le genre d’homme dont on sait que s’il tourne le dos à la violence, c’est elle qui viendra à lui. » (p. 11) Pour échapper à son passé, Théo s’arrête dans une maison d’hôtes perdue au milieu de nulle part. Pendant des jours, il ne fait que dormir et se promener. Un jour, au détour d’un chemin, il croise deux vieux, Joshua et Basile, qui l’assomment, le séquestrent et font de lui leur esclave. « Cet endroit est pire que la prison. Pourtant la loi du plus fort, je connais, mais pas la loi du plus barje. » (p. 83) Humilié, battu, affamé, violé, forcé de réaliser des travaux titanesques, Théo perd rapidement le goût de la révolte. Son seul objectif est de rester en vie. « Je sais depuis longtemps que la souffrance épuise. Ce que je ne sais pas, c’est si on peut en mourir. » (p. 101)
Ce roman est le premier de l’auteure. Comme tous les premiers opus, il présente des faiblesses. La première étant celle du récit de Théo. L’artifice narratif du texte rapporté ne marche pas à tous les coups. Ici, je n’y ai pas cru. D’après le personnage, spécialiste médical, qui présente le calvaire de Théo, le texte aurait été écrit pendant la convalescence du rescapé. Mais la forme du texte est trop proche du journal quotidien pour que l’argument du récit écrit a posteriori soit plausible. Or, il est tout à fait impossible que Théo ait écrit ces pages pendant sa captivité.
Deuxième point qui m’a gênée : Théo est présenté dès le début comme un salaud brutal, voire vicieux. Il est donc tout à fait antipathique, mais sa captivité et les sévices qu’il endure déclenchent automatiquement la compassion du lecteur. Personne ne mérite ce que subit Théo. Il était donc tout à fait inutile de faire remonter les bribes d’une enfance douloureuse pour rendre le personnage sympathique. Cela ne le rend que pitoyable et alourdit le texte d’un pathos absolument écœurant alors que l’histoire était suffisamment sordide et cauchemardesque.
Ce roman se lit toutefois sans peine et sans déplaisir. L’auteure a imaginé un fait divers horrifique plutôt crédible et qui glace le sang.