Louis et Karl sont jumeaux, mais pour le moment, ils sont encore dans le ventre de leur maman. Le premier est de nature optimisme, le second est plus cynique et désabusé. Les deux petits bonhommes vont devoir cohabiter pendant neuf mois et neuf mois, ça peut être très long dans un endroit aussi petit. Attentifs au moindre bruit, ils cherchent à comprendre le monde qui les attend. « C’est qui ce Dieu dont parle des fois Maman ? / Tu vois… Maman nous a créés et veille sur nous, même si on ne la voit pas… Et bin Dieu, c’est pareil pour Maman… / Mouais… Mais nous au moins, Maman nous parle et on l’entend… » (p. 24) Dans le huis-clos amniotique, Louis et Karl se lancent dans d’intenses discussions sur la vie, la mort, la famille et d’autres sujets bien pointus pour deux bouts de chou qui n’ont pas encore pointés leur nez à l’air libre. « T’as pas peur de la Mort, Louis ? / Mais on n’est même pas encore nés ! / Quel argument imparable… J’peux pas lutter… » (p. 27) Et dehors, justement, ce sera comment ?
Ce petit album est très drôle, surtout pour moi qui sais les plaisirs et les agacements d’avoir un frère jumeau. J’ai vraiment ri devant les réflexions à la fois innocentes et cruelles des deux fœtus. « Imagine qu’on naisse en Chine… Avec la politique de l’enfant unique, ma petite… Tu es dans la merde ! / Primo : j’suis pas une fille… Secundo : toi, avec ta grande gueule contestataire, tu l’es encore plus ! » (p. 69) Les cases sont en fait des bulles et les fœtus ont la rondeur imparfaite des corps inachevés. Voilà un petit ouvrage à offrir aux jumeaux ou aux parents en attente de jumeaux !