Premier volume : Silo
Roman de Hugh Howey.
Comment l’humanité a-t-elle fini par habiter sous terre, dans d’immenses silos autosuffisants ? Tout est parti d’un soi-disant projet immobilier dirigé par le député Donald Keene. « C’est ce qu’on appelle un bâtiment au-cas-où. » (p. 28) Au cas où quoi ? C’est là le grand secret. « Tu as certainement retenu le meilleur moyen de garder un secret. […] Le déni. » (p. 23) On parle déjà de cryogénisation, de nanobiotiques, de pilules qui effacent les souvenirs et de guerre inévitable. Des décennies plus tard, Troy est tiré d’un très long sommeil et se retrouve en charge d’une importante mission. « Il avait étudié en vue de diriger un silo, mais pas celui qui supervisait tous les autres. » (p. 45) Dans un autre silo, Jimmy se retrouve brusquement seul et doit apprendre vivre ainsi. « Jimmy découvrit une nouvelle Règle du Monde : l’homme n’était pas fait pour vivre seul. Jour après jour, son quotidien le lui confirmait. Il fit cette découverte, mais il l’oublia aussitôt, car il n’y avait personne avec lui pour la lui rappeler. Il parlait avec les machines à la place. Elles lui répondaient, en faisant cliqueter leur gorge de métal, que l’homme n’était pas fait pour vivre du tout. » (p. 443) Il y a l’homme qui voit venir l’horreur et l’homme qui doit en protéger les conséquences tout en dissimulant les causes. « Expliquez-moi en quoi la solution n’est pas pire que le problème. » (p. 266) Pour survivre, l’humanité doit oublier, mais certains hommes ont la lourde responsabilité de se souvenir. « Les mensonges […] étaient ce qu’ils entretenaient ici dans le silo 1, dans cet asile embrumé par les pilules curieusement en charge de la survie de l’humanité. » (p. 69)
Après un premier tome magistral qui l’a fait entrer d’un bond dans la cour des grands auteurs de science-fiction et de dystopie, Hugh Howey offre un préquel parfaitement maîtrisé à Silo. Partant des origines de la catastrophe, il renoue avec des personnages de son premier volume, à une époque où on ne les connaissait pas encore. Le mélange de violence, d’insurrection, de survie, de secret, de politique et de pouvoir est toujours aussi savoureux. D’autant plus qu’il est agrémenté d’un ingrédient de choix. « L’espoir. C’est de ça qu’il s’agissait. De l’espoir et de ses dangers. » (p. 450) Vivement le dernier volume de cette trilogie !