Désolation

Roman de Stephen King.

Mary et Peter roulent tranquillement sur une route perdue du Nevada quand ils sont arrêtés par un policier de taille impressionnante. Le contrôle du véhicule vire rapidement au cauchemar. Ralph, Ellen et leurs enfants Kirten et David reviennent de vacances dans leur camping-car quand un policier anormalement grand leur fait de grands signes. La famille Carver n’aurait pas dû s’arrêter. Johnny est un auteur sur le déclin qui tente de renouer avec le succès en faisant un grand voyage à moto à travers l’Amérique, façon Hemingway. Si seulement il n’avait pas traversé le Nevada, ni croisé la route de ce gigantesque policier bien inquiétant. « Me lèche pas les bottes. […] Ton destin n’en sera que pire. » (p. 100)

Vous avez compris, il y a quelque chose de pourri sur les routes du Nevada. Cette chose, c’est Collie Entragian, shérif de Désolation, ville perdue du Nevada dont la population semble avoir été décimée par un tueur fou. « Ne me dites pas qu’un homme, même fort comme un orignal, a pu faire le tour de la ville et tuer deux cents personnes […] parce que, excusez-moi, mais je ne le crois pas. » (p. 295) Et dans Collie Entragian, il y a Tak, antique démon venu des profondeurs de la terre via la mine de cuivre à ciel ouvert de la région.

Tout ce que le désert compte d’horrifique est convoqué dans ce roman : busard, coyote, scorpion, serpent à sonnette et autres vermines répondent aux ordres de Tak, dans un ensemble grouillant qui n’est pas sans rappeler les terribles plaies d’Égypte. Et de fait, le roman regorge de métaphores bibliques puisque le jeune David, foi chevillée au corps s’oppose au grand Tak et qu’un personnage, celui que l’on soupçonnait le moins d’un tel acte, se sacrifie pour tenter de sauver les pauvres pécheurs qui l’accompagnent. Stephen King se plaît à faire s’affronter le mal le plus abject et le bien claudiquant d’humains que la spiritualité a plus ou moins quitté. « Pour que ça marche, il faut qu’on reste tous. Il faut qu’on abandonne notre libre arbitre au profit de la volonté de Dieu, et il faut qu’on soit prêts à mourir. Parce que c’est ce qui risque d’arriver. »(p. 434)

Ce roman est loin d’être mon préféré de Stephen King. S’il est toujours réjouissant (oui, oui, réjouissant !) d’assister à la débauche de violence mise en scène par l’auteur, le texte est un peu long et parfois bavard, notamment dans les dialogues et les récits des différents personnages. L’intérêt principal de ce texte est son roman jumeau, Les régulateurs. On y retrouve les mêmes personnages face au même monstre, mais selon un scénario totalement différent. À noter que les deux romans ont été publiés le même jour, le second sous le pseudonyme de Richard Bachman. Le maître de l’épouvante est aussi un maître du marketing et de l’évènement !

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