Roman de Stephen King, publié sous le pseudonyme de Richard Bachman.
George est un arnaqueur futé, toujours à l’affut d’un bon coup. Blaze est un géant à l’esprit plutôt lent. Ces deux-là font la paire, vivant d’escroqueries et de combines rarement légales. Et ils rêvent de leur grand coup. Mais voilà, George se fait descendre avant la mise en œuvre du plan qui doit leur rapporter gros. Qu’à cela ne tienne, Blaze fera le coup tout seul. Tout seul ? Pas vraiment. « Maintenant George était mort et Blaze reproduisait la voix de George dans sa tête, lui donnant les bonnes répliques. » (p. 27) Le fameux plan est assez simple : enlever le nourrisson des Gerard, richissime famille du Maine, et exiger une rançon colossale pour ensuite partir vivre à l’aise au soleil. Sans l’aide de George, Blaze l’attardé ne peut pas tout prévoir, même en faisant de son mieux. Et ce qu’il n’avait pas prévu, c’est que le bébé l’intéresserait bien plus que l’argent.
Référence et hommage non dissimulés au roman de Jon Steinbeck, Des souris et des hommes, ce texte de Stephen King exploite une combinaison de personnages qui a fait son chemin dans la littérature et sur les écrans : entre le petit George et le grand Blaze, il y a connivence, complétude, complémentarité et une once de comique de situation. Mais Blaze est avant tout un héros tragique : alors qu’il aurait pu être brillant, les corrections répétées de son père en ont fait un attardé, à la fois doux et inconscient de sa force. S’il choisit le mauvais chemin, ce n’est pas par méchanceté, c’est plutôt l’effet d’un malheureux hasard. Face à bébé Joe, Blaze révèle finalement sa véritable nature, celle d’un innocent aux mains pleines. Mais hélas pleines d’une progéniture qui n’est pas la sienne. Mené à un rythme effréné, ce texte particulièrement émouvant aborde avec finesse le thème des choses qui passent, sans rien laisser derrière elles.