Tome 1 : L’affaire Jane Eyre – Tome 2 : Délivrez-moi ! – Tome 3 : Le puits des histoires perdues – Tome 4 : Sauvez Hamlet ! – Tome 5 : Le début de la fin
Roman de Jasper Fforde.
Le Monde des Livres a bien changé après la Refonte : le voilà doté d’une véritable géographie. « Au large des côtes s’étend l’île du Compte d’Auteur, et au-delà du Compte d’Auteur s’étend l’île du Fandom. Au-delà du Fandom se trouve la Dissertation et encore au-delà l’Excuse pour n’avoir pas rendu sa dissertation. Celle-ci est souvent la plus lyrique, construite qu’elle est dans un état de panique et d’urgence en espérant échapper à une heure de colle. » (p. 429) Sur cette île de la Fiction, il y a des frictions sur certaines frontières, notamment entre le Roman Grivois et la Littérature Féminine. Les pourparlers de paix sont pour bientôt, mais Thursday Next a disparu et sans elle pour arbitrer le dialogue, il y a fort à parier qu’une guerre éclate entre les deux genres narratifs. Thursday5, qui est l’avatar de fiction de la célèbre détective, fait son possible pour la retrouver. Avec les Hommes en Plaid à ses trousses et Sprockett, un robot majordome, collé à ses basques, elle ne peut compter que sur elle-même pour remettre un peu d’ordre dans le Monde des Livres et combler le déficit en Métaphore.
Si j’ai passé un bon moment avec ce sixième volume des aventures de Thursday Next, je suis moins enthousiaste qu’à la fin de mes précédentes lectures. Premier point à noter : le traducteur a changé au volume précédent. Ce n’est plus Roxane Azimi qui officie, mais Jean-François Merle. Dans Le début de la fin, j’avais déjà ressenti un changement de ton et de rythme que j’avais réussi à occulter. Dans ce tome, c’est beaucoup plus difficile : je ne retrouve pas l’enthousiasme farfelu et la facilité lexicale des précédents tomes. Cela tient peut-être au texte original, mais à situations similaires – courses poursuites, quiproquos –, je préférais la plume de Roxane Azimi.
Deuxième point, ce volume se passe presque intégralement dans le Monde des Livres : ce qui faisait à mes yeux le charme des précédents volumes, c’est justement les aller-retour entre fiction et réalité et ce que cela supposait de situations compliquées, voire inextricables. Ici, immersion totale dans le monde fictionnel, jusqu’à l’overdose par moment. « J’ouvris la porte sur trois Dostoïevskicismes qui me dévisagèrent à travers un épais nuage de relativisme moral. » (p. 17) L’humour est toujours bien présent et l’intrigue se tient bien, avec un dénouement aussi retentissant que les précédents, mais tout de même, trop de fiction fatigue le lecteur.
Tout cela ne m’empêchera pas de lire le septième volume et advienne que pourra !