Thomas, dit Tom, est un jeune garçon autiste tout à fait brillant. Mais dans les années 1960, il n’existe pas encore vraiment de procédures pour intégrer ce type d’enfant dans les écoles et dans la société. Tom se débrouille comme il peut, ses parents aussi. Fasciné par les superhéros, Tom s’identifie à ses héros. « N’est-il pas comme tous ces superhéros, un être jeté dans un monde qui ne semble pas être fait pour lui ? Pourquoi ne serait-il pas comme eux, dont les superpouvoirs constituent aussi le revers d’un handicap secret ? Dont les actions masquent souvent une profonde solitude ? » (p. 27) Tom estime que sa mission est de sauver le monde : il va donc tenter de sauver un chien, sa grand-mère, sa camarade Palma et aussi l’amour de ses parents. « Tom sent qu’il se transforme en mini-Sisyphe à houppette, parti pour refaire à l’infini les mêmes missions microscopiques ? » (p. 37) Et au passage, s’il peut devenir normal, ce sera aussi un bien. Parce que Tom le sent profondément : il n’est pas normal. « Un superhéros doit affronter le monde. Et Tom doit traverser ce mur du silence pour aller voir ce qui se passe de l’autre côté. » (p. 54)
De leur côté, les parents, Serge et Pauline, ne sont pas heureux. Pauline se sent coupable de l’état de son fils et a besoin d’échapper à la routine étouffante d’un quotidien sans horizon. Et Serge aimerait échapper à la routine écrasante d’un emploi sans intérêt. En parallèle des aventures de Tom se dessine l’histoire d’un couple qui ne sait plus comment s’aimer, ni comment se retrouver.
Ah, cette fâcheuse mode des titres à rallonge qui essoufflent le lecteur avant même qu’il ait ouvert le livre ! Ce genre de titre, outre qu’il a tendance à réduire maladroitement l’histoire à ce qu’il annonce, présente un écueil fâcheux : en dotant son texte d’une identité si étendue, l’auteur prend le risque que le lecteur n’arrive pas à fixer le titre dans sa mémoire. Comment, alors, parler d’un livre dont on est incapable de prononcer le titre sans user de moyens mnémotechniques ?
Outre ce détail, l’histoire est charmante, plutôt tendre et parfois drôle. Ne connaissant pas de personnes autistes, je suis bien incapable de juger de la vraisemblance du personnage principal. Il me semble toutefois que la fin du roman est bien improbable. Je garderai de cette lecture un souvenir plutôt positif même si je ne suis pas vraiment le public de ce genre d’histoire que je conseille aux jeunes lecteurs.