« Maintenant que cette histoire est finie, je veux la raconter en entier, alors même que je m’éclipse avant que des noms ne soient donnés ou perdus. Je veux la raconter en entier alors même que je l’oublie et ainsi, en racontant et en oubliant, pardonner à tous ceux qui y figurent, y compris moi. Parce que c’est là que l’avenir commence : dans l’oubli, dans ce qui est perdu. […] Rien ne s’éclipse, pas même la conscience de soi. Rien ne s’évanouit dans le passé ; tout est oublié et tout devient l’avenir. » (p. 11 et 12)
Ainsi s’ouvre, dans le mystère et les questionnements, le récit de Leonard, un adolescent qui aime les filles et les livres.
Et dans son récit, il y a :
- L’Intraville, zone polluée par une ancienne usine ;
- Des jeunes garçons qui disparaissent ;
- Des jeunes garçons qui ont peur ;
- John Morrison, un policier qui a failli à son devoir ;
- Des maladies physiques et mentales ;
- Un homme qui étudie les papillons ;
- Un bibliothécaire passionné.
L’Intraville est un univers connu, mais légèrement différent, regorgeant d’étrangeté et qui célèbre la beauté des choses laides. « Il est impardonnable d’être innocent quand les garçons perdus disparaissent dans les fourrés tout autour de nous. Impardonnable de ne pas savoir où ils sont, même s’il est impossible de le savoir. […] Il est impardonnable qu’un enfant disparaisse sans laisser de traces. » (p. 278) Quant à la scintillation, c’est l’éclat fluctuant des étoiles, la lumière insuffisante d’une entité belle et inaccessible. Dans ce thriller humain, écologique et mystique, l’intrigue est faite d’éclats de vie impalpables qui, pris séparément, ne représentent rien. Mais réunis par la force de la narration, ils donnent une image clignotante et énigmatique.
Je n’ai pas vraiment compris ce récit : il glisse vers le fantastique sans y pénétrer et le mystère palpable dès l’incipit semble encore plus épais à la dernière page. Décontenancée, mais pas vraiment déçue, je suis désappointée, toutefois séduite par cette expérience étrange. J’ai failli abandonner ce livre, céder à mon incompréhension, mais en tenant bon, j’ai eu entre les mains un livre qui se lit d’une traite. Déroutant, non ? « La définition d’un ouvrage qui se lit d’une traite devait être, en réalité, que le bouquin était tellement bien qu’on ne peut pas s’arracher à sa lecture alors que la page suivante est là et qu’elle risque d’être tout aussi captivante que celle qu’on dévore. » (p. 104)