Recueil de textes d’Ina Mihalache, sous son nom de Solange.
Solange te parle, c’est une chaîne YouTube où Ina donne la parole à son alter ego, Solange. Cette Québécoise installée à Paris depuis une dizaine d’années est comédienne, artiste, vivante. Ce livre reprend le texte de certaines de ses vidéos et compile quelques-uns de ses tweets les plus fameux. « Femme défaite cherche homme à tout faire. » (p. 64) Ina se cache-t-elle derrière Solange ? Ou est-elle plus libre derrière son masque ? Finalement, c’est au spectateur/lecteur de choisir. Lui seul à la main sur le destin de Solange. « Ce n’est pas une pure dilatation de mon ego, simplement j’essaie d’échapper à la conscience de n’être que moi-même. Ceci est une bouteille à la mer. Je ne connais pas la valeur de ce que je suis. C’est toi qui décides. » (p. 6)
Ces courts textes sont autant de questions faussement naïves et/ou volontairement loufoques qui bousculent la routine et les schémas de pensée figés. Le livre de Solange, c’est de la poésie 2.0, des élégies modernes où sourd un désespoir euphorique. Après avoir beaucoup aimé la vidéo sur le fait de dire « Je t’aime », en retrouver le texte est une autre déclaration d’amour au lecteur. Il y a aussi cet émouvant texte sur Truite, son petit chien qui captive si bien l’objectif et le regard du spectateur/lecteur. Les sujets sont tout à tour légers ou graves. « Il s’avérerait parfaitement injuste d’exclure le camembert de mon existence sous prétexte qu’il pue. » (p. 7) Ils parlent de doute, de sexualité, de liberté et de culture. Ils interrogent la posture de l’être au monde et de l’être à soi.
Quel plaisir de retrouver la prosodie si particulière de la jolie Solange. Même à l’écrit, les mots sont musicaux et rappellent sa voix douce, parfois perchée ou fofolle, souvent grave et émouvante. « Imprégnez-vous de l’incommunicabilité de ce que vous avez à dire au monde. Celui-ci de toute façon n’est pas en mesure de le recevoir. » (p. 9) Elle interroge toujours l’autre sur son attitude et ses choix, finissant ses interventions par une question qui n’a rien de superflu. Mieux que personne, Solange sait être à tu et à toi avec son interlocuteur. Elle n’est que parce qu’elle est regardée (ou lue). « Voilà, c’est fini. Alors, laquelle tu préfères ? Solange ou Ina ? Ina ou Solange ? C’est toi qui décides. » (p. 78) Je décide alors que j’en veux encore, à l’image ou à l’écrit. Solange, reviens vite !