Issu des amours sauvages d’une chienne et d’un loup borgne, Croc-Blanc vit ses premiers mois libre dans la nature. « Le droit à l’existence consistait pour l’un à manger l’autre ; il consistait pour l’autre à ne pas être mangé. » (p. 49) Il rencontre les hommes et se soumet à Castor-Gris, un Indien, après bien des punitions et des brimades. Instinctivement, il sait qu’il doit accepter la domination de l’homme, Castor-Gris étant un maître dur, mais juste. « Finalement, il se coucha aux pieds du maître en la possession duquel il s’abandonnait corps et âme, de sa propre volonté, il était venu s’asseoir, livrer sa liberté. » (p. 99) Animal farouche et violent, il est craint dans la tribu et haï par les autres chiens, d’autant plus quand il prend la tête du traîneau de son maître. Sa cruauté s’accroît quand Castor-Gris le cède à Beauty Smith, un homme blanc qui le fait combattre contre d’autres chiens et des animaux sauvages. « Haïr était sa passion et il s’y noyait. La vie, pour lui, était l’enfer. Fait pour la liberté sauvage, il devait subir d’être captif et reclus. » (p. 134) Ce n’est qu’auprès de son dernier maître, Mr. Scott, qu’il découvre l’amour qu’un chien peut porter à l’homme quand ce dernier est bon et respectueux de l’animal.
Enfant, j’avais lu L’appel de la forêt et pleuré toutes les larmes de mon corps quand l’animal quitte son cher maître et retrouve la nature. Je m’étais promis de ne jamais lire Croc-Blanc, mais il faut croire que j’aime me faire du mal. Là encore, toute neuve de ma troisième décennie, j’ai abondamment mouché mon nez devant cette lecture. Si la nature est sauvage et cruelle, elle ne l’est jamais autant que l’homme. Oui, ça sent bon le cliché à cent mètres à la ronde, mais que voulez-vous : je ne supporte pas qu’on fasse du mal aux toutous et autres animaux de compagnie. Tout finit bien pour Croc-Blanc, mais il a quand même passé de sales moments !