Au-revoir là-haut

Roman de Pierre Lemaître.

La guerre touche à sa fin. Dans les tranchées, les soldats attendent avec impatience l’armistice. Albert Maillard et Édouard Péricourt doivent pourtant donner un dernier assaut sous les ordres du lieutenant Henri d’Aulnay-Pradelle. « Il confirme l’adage selon lequel le véritable danger pour le militaire, ce n’est pas l’ennemi, mais la hiérarchie. » (p. 31) Albert et Édouard se sauvent l’un l’autre, mais le second est désormais défiguré. La guerre est finie, mais le plus difficile reste encore à vivre. « Pendant toute la guerre, comme tout le monde, Édouard n’a pensé qu’à survivre, et à présent que la guerre est terminée et qu’il est vivant, voilà qu’il ne pense plus qu’à disparaître. » (p. 63) Il faut pourtant continuer, peut-être en vivant caché. Alors qu’Albert et Édouard peinent à reprendre pied dans la vie civile, Henri prospère éhontément grâce à la guerre et à un mariage juteux. « Henri d’Aulnay-Pradelle, esprit simple et sans nuances, avait facilement raison parce que sa rusticité décourageait souvent l’intelligence de ses interlocuteurs. » (p. 256) De trahison en mensonge, de secret en escroquerie, les destins de trois hommes sont indéfectiblement liés jusqu’aux révélations ultimes, quand toutes les tricheries sont dévoilées et que les justes, enfin, sont récompensés. Aux (presque) innocents, les mains pleines !

J’ai été agréablement surprise par ce roman. J’attendais en fait tout autre chose, une sorte de récit sordide dans les tranchées. Mais cet épisode est évacué en deux chapitres et l’histoire se déroule après-guerre, quand la France ré-enterre ses morts dans des cimetières militaires et que les collectivités commandent les premiers monuments pour honorer leurs défunts. Les trois personnages masculins sont admirablement écrits et chacun mérite une dose égale de compassion et d’agacement. Je voudrais tant en dire, mais il me semble que ce serait gâcher la découverte de ceux qui pourraient avoir envie de lire ce roman. N’hésitez pas ! Le ton est volontiers goguenard, voire primesautier, mais le sujet reste profond et émouvant.

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