Le Gun-Club rassemble des hommes passionnés de balistique et de canons. À leur tête, le président Barbicane cherche comment maintenir la gloire du club maintenant que la guerre de Sécession ne secoue plus l’Union et que les artilleurs se retrouvent sans ouvrage. « Depuis trop longtemps déjà une paix inféconde est venue plonger les membres du Gun-Club dans un regrettable désœuvrement. […] Je ne crains pas de le proclamer à haute voix, toute guerre qui nous remettrait les armes à la main serait bienvenue… » (p. 23) Afin de remettre la science de la balistique à l’honneur, Barbicane et ses pairs décident de construire un canon qui enverra un obus sur la Lune. Voilà de quoi occuper les artilleurs américains ! La planète entière se passionne pour cette expérience et la Lune devient le centre du monde. « Le président Barbicane prit donc le parti, bien que l’entreprise fût américaine, d’en faire une affaire d’un intérêt universel et de demander à chaque peuple sa coopération financière. C’était à la fois le droit et de le devoir de la Terre d’intervenir dans les affaires de son satellite. » (p. 147) Les préparatifs n’en finissent pas : on ne part pas sur la Lune comme on traverserait l’Atlantique, n’est-ce pas ? Il y a d’abord d’innombrables calculs de distance, de poids, de vitesse, de trajectoire et de point d’impact. Vient ensuite la réalisation du gigantesque canon, fondu à même le sol dans une plaine de Floride. D’aucuns parient que ce projet est insensé, d’autres y croient tellement qu’ils souhaitent prendre place à bord du projectile qui sera envoyé sur la Lune. Changement de cap ! Il ne s’agit plus de bombarder la Lune, mais d’y poser le pied ! « Ce voyage-là devait se faire tôt ou tard, et quant au moyen de locomotion adopté, il suit tout simplement la loi du progrès. » (p. 234 & 25) Mais y a-t-il de l’eau et de l’air sur la Lune pour accueillir la poignée de terriens qui tente le voyage ?
La fin suspensive du roman appelle évidemment une suite et c’est avec plaisir que je vais lire les aventures extraterrestres de Barbicane, Nicholl, Ardan et leur chien. Impressionnant comme Jules Verne savait rendre passionnantes et romanesques des données scientifiques ! Ça donne envie d’étudier la balistique. En matière de voyages extraordinaires, celui-ci est un des plus fameux et des plus originaux puisqu’il se déroule dans un milieu alors totalement inexploré. Ne me dites pas que les textes de Jules Verne ont mal vieilli ! Replacez-les dans leur contexte et savourez leur modernité époustouflante !