« Je vous écris d’Italie… »

Roman de Michel Déon.

À la fin des années 1940, Jacques Sauvage revient à Varela, petit village d’Italie. Pendant la guerre son bataillon a mis en déroute la garnison allemande qui occupait les lieux. Sur l’ordre de son ancien supérieur, l’excentrique capitaine de Cléry qui s’était proclamé roi de la ville, il doit retrouver la Contessina Beatrice de Varela et comprendre la fascination qu’elle exerce sur lui. « Elle est un mystère qui peut dévorer un homme. » (p. 19) Étudiant en histoire, Jacques doit également profiter de son séjour pour trouver des réponses aux mystères qui semblent se cacher derrière toutes les ombres de Varela. « Annoncez à Beatrice que vous voulez écrire l’histoire des Varela. Et, incidemment, éclaircissez l’histoire de l’automitrailleuse qui s’est moquée de vous pendant une semaine. » (p. 28) La ville est un vase clos figé hors du temps dans la poussiéreuse gloire de la lignée des condottiere qui l’ont dirigée pendant des siècles. Beatrice est la gardienne de ce passé qui menace ruine alors que sa sœur, l’impétueuse Francesca, est davantage tournée vers l’avenir. Il semble pourtant bien impossible de quitter Varela, sinon au prix de son identité. « Rien de nous atteindra au fond du cœur. Varela est immuable. » (p. 45) Jacques trouvera peut-être la clé des mystères de la ville pendant la fête annuelle dont les préparatifs agitent les habitants. « Le matin de la fête, la ville sembla miraculeusement guérie de sa constipation opiniâtre. » (p. 277)

Me voilà un peu embêtée. Je ne sais pas vraiment si j’ai apprécié ce roman ou si l’ennui est ce qui m’en reste. Il y a une atmosphère fascinante, entre baroque et irréalité, avec un substrat historique puissant et quasiment traité comme une légende. Il y a cet Allemand qui a disparu, ou peut-être pas. Il y a ce peintre et ce poète, artistes dont il semble impossible qu’ils aient vu le jour dans l’aride Varela. Il y a la jeune et belle Adriana qui ne rêve que de projecteurs. Il y a ce chien nommé Diavolo. Beaucoup de choses, donc, qui m’ont plu. Mais il manque un petit quelque chose et j’ai cet étrange sentiment d’inachèvement ou de frustration. La fête annuelle dont il est fait mention dès le début n’intervient qu’en toute fin de roman. Elle aurait pu être un point d’orgue ou un feu d’artifice, mais je la vois plutôt comme un pétard mouillé. Ce roman n’est pas une complète déception, mais une lecture en demi-teinte, peut-être à reprendre dans quelques années.

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